John GRISHAM – Les Partenaires (The Litigators) : 8,5/10
Encore un excellent Grisham. Mais ai-je déjà lu un de ses livres sans l’aimer un minimum ? Je ne crois pas.
Celui-ci, ans tous les cas, est vraiment réussi ! Je l’ai et ne l’ai plus lâché, alors même que l’intrigue semble à priori sans grande originalité : une histoire judiciaire, des avocats … bref, du déjà lu … Et pourtant !
John Grisham est un auteur qui parvient à rendre passionnant des sujets et situations pourtant plutôt fastidieux et on suit avec plaisir des héros antipathiques à souhait !
Que nous propose-t-il dans Les Partenaires (The Litigators en VO) ?
Le cabinet Finley & Figg est un tout petit cabinet d’avocats, dont l’activité principale consiste à « chasser les ambulances ». Un accident ? On s’y rend pour distribuer les cartes de visite. Pas de dossiers en cours ? Direction les urgences. Des publicités sont diffusées dans les endroits les plus improbables et le partenaire junior n’est pas au-dessus la distribution de bons de réduction, proposant des divorces à l’amiable à un prix tellement bas qu’il ne couvre même pas les frais. Ce qui n’est pas bien grave, puisqu’il suffit à ce moment-là de provoquer un désaccord entre les futurs ex-époux pour toucher des honoraires plus corrects …
Bref, c’est un cabinet bas de gamme, qui végète et survit à travers de petits dossiers lamentables et qui ne prend pas l’intérêt de ses clients particulièrement au sérieux.
Le cabinet Finley & Figg est rejoint par David Zinc, un jeune avocat aux grandes études qui vient de quitter, sur un coup de tête, un énorme cabinet et qui, sous l’emprise de l’alcool, décide de se joindre au duo d’avocats de rue.
Ce trio improbable tombe alors sur un cas qui pourrait, enfin, rapporter gros !
Un médicament, destiné à faire baisser le cholestérol, semble affaiblir le cœur, et plusieurs morts ont été recensées.
Finley & Figg, totalement novices devant les Cours et tout particulièrement dans les actions de groupe, décident d’attaquer Varrick Labs, qui distribue le fameux Krayoxx, et se met en chasse d’autres cas de morts suspectes. Le but étant de faire signer autant de clients potentiels que possible, car chaque cas pourrait se monnayer !
Oscar Finley, le partenaire sénior, reste dubitatif, mais laisse faire son associé … Qui sait, peut-être cela pourrait-il aboutir et lui permettre, enfin, de prendre sa retraite et de divorcer de son épouse trop dominante ?
Incroyablement prenant
Les héros sont particulièrement bien choisis et décrits.
Oscar Finley est l’associé « sénior », qui est totalement désabusé, qui ne souhaite pas tomber encore plus bas, qui ne croit pas en l’action que souhaite intenter son partenaire Figg mais le laisse faire tant qu’il reste un espoir de succès.
Ce dernier, ancien alcoolique qui se débat quotidiennement avec son ancienne addiction, et qui se fait payer certains dossiers en nature si la cliente est agréable, chasse les clients de façon éhontée, et c’est franchement un personnage antipathique – et pourtant on s’y attache ! Cet homme n’a aucune morale, il est totalement incompétent, on le voit commettre des erreurs totalement inadmissibles, on souffre des humiliations qu’il subit autant qu’on s’en réjouit, et pourtant on ne peut s’empêcher de l’apprécier.
Puis il y a David, le jeune, issu d’une des plus grandes écoles de droit, qui jusqu’ici gagnait une fortune dans un des plus grands cabinets – et qui se retrouve …ici, au plus bas. Volontairement ! Il est d’un côté fasciné par la proximité avec les clients, a la sensation de pouvoir véritablement aider ceux-ci, mais comprend de l’autre côté vite que l’éthique est totalement inexistante dans ces lieux, et, bien pire, qu’aucun des partenaires ne sait ce qu’il fait.
Donc, des caractères superbes, des antihéros, qu’on voit s’enliser dans une procédure qui les dépasse totalement, et on se dit « ils n’arriveront pas, aucune chance », surtout face aux avocats qu’ils devront affronter. Et on les observe aggraver leur cas …
Puis nous avons l’histoire elle-même, l’affaire du médicament mis en cause, puis quelques autres dossiers qui pimentent largement le roman.
Jusqu’au bout on s’accroche, on aime, on se passionne !
Résultat :
si vous aimez les romans judiciaires, celui-ci doit impérativement figurer dans votre bibliothèque ! L’incompétence des avocats, l’importance de l’affaire, les personnages, tout est si vivant !