Auteur : Emilie frèche
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 288
Date de parution :janvier 2013
Auteur :
Romancière et scénariste française née en 1976, elle publie ici son sixième roman. Elle est aussi l'auteur de documents et de livres jeunesse.
Présentation de l'éditeur :
Élise n’a pas vu son père depuis sept ans. Il vit au Maroc, il connaît à peine son mari et pas du tout ses enfants, quant à
elle, elle ne sait rien de sa vie. À force de ruptures, d’amour blessé et de petites humiliations qui auront jalonné leur histoire, le père et la fille ont fini par ne plus parler la même langue
: ils sont devenus deux étrangers.
Et pourtant, lorsqu’Élise reçoit l’improbable coup de fil de son père la sommant de venir le voir, elle obéit aux ordres de ce
tyran domestique comme à un vieux réflexe, alors même que son propre foyer est en train de se déliter : elle prend son antique Renault 5, seul héritage de sa mère tant aimée, et met le cap sur
Marrakech.
Portrait d’une famille prise dans les glaces de souffrances jamais apprivoisées, trop longtemps tues, Deux étrangers
est le roman d’une séparation et de retrouvailles impossibles et néanmoins essentielles. Un voyage dans le temps au rythme indomptable des souvenirs et des émotions, éclairé par un humour
ravageur, une lucidité sans appel et un inextinguible désir de justice.
Mon avis :
Le récit d'Emilie Frèche est une lente introspection au rythme de la vieille Renault 5, seule héritage de sa mère et seul lieu de souvenirs heureux de jeunesse, qui l'emmène de Paris à Marrakech. Pourquoi démarre-t-elle au quart de tour lorsque son père si détesté l'appelle depuis le Maroc ? Est-ce enfin pour aller quérir son pardon, ressentir un témoignage d'amour qu'elle a toujours attendu ? Ou est-ce pour fuir Simon, le seul homme qui l'a comprise et soutenue, la seule histoire d'amour qu'elle a brisé comme une volonté de casser un couple pour enfin vivre ce qu'elle attendait de ses parents ?
Si le ton, le registre de l'auteur et la façon d'être d' Élise, la narratrice ne cadrent pas vraiment avec mes affinités, Émilie Frèche a finalement su m'embarquer dans cette aventure, me convaincre en écoutant la narratrice revivre les peurs et doutes de son enfance. Et c'est finalement avec envie que je voulais vivre cette rencontre entre le père et la fille, qui, certes m'a déçue mais n'a pas émoussé l'intérêt que j'ai eu pour cette histoire.
Élise revient sur sa jeunesse, les peurs et blessures, le désir de fuir mais aussi le besoin d'être aimée de ce père tyrannique. Elle nous dévoile le passé de son père " un sujet tabou, une blessure à vif " pour se convaincre de circonstances atténuantes.
Ce voyage physique est en fait un chemin pour comprendre son père et se retrouver elle-même.
" Termine ton voyage, va voir ton père. De toute façon, rien ne comblera son absence. Ni mon amour, ni celui d'un autre, et nous pourrions être des centaines à t'aimer que cela ne suffirait toujours pas. C'est le sien qu'il te faut."
Au delà de la fine analyse des relations familiales, ce voyage évoque aussi la douleur l'exil puisque le père a dû quitter l'Algérie en 1957, les différentes judéités ( son père est juif séfarade ou espagnol et sa mère juive polonaise) et le printemps arabe.
Je suis contente d'avoir découvert cette auteure que je relirai puisque son précédent roman, Chouquette est dans ma bibliothèque.
Je remercie Actes Sud pour cette lecture.