Je viens de lire un livre pas très bisou, définitivement pas vivre-ensemble, politiquement très incorrect, et qui sent violemment les heures les plus sombres de notre histoire. Cet ouvrage fera date et récolte déjà sa moisson de lecteurs, ainsi que quelques passages remarqués en télé et en radio. Bien sûr, il récupère aussi sa brouettée de critiques acides de tout le microcosme des gentils, d’antifascistes de combat et des naïfs effarouchés. C’est normal puisqu’il décrit sans fard la France telle qu’elle est devenue et non telle qu’elle est rêvée par eux…
Bien évidemment, je ne vais pas surprendre les habitués de mes billets en disant que la France décrite par Obertone est un pays qui va mal, très mal. Pour un peu, on pourrait le dire foutu. L’auteur ne va pas jusque là, mais s’en rapproche souvent lorsqu’il étale les statistiques connues (et moins connues) de la criminalité en France, de l’état général des institutions régaliennes, et de l’extraordinaire hypocrisie ou de l’incompétence des politiciens devant ce constat. Lui aussi détaille le décalage maintenant gigantesque entre une presse nationale toute acquise aux idéaux moralinés et la réalité glaçante des faits divers qui s’empilent à un rythme soutenu dans une presse locale dont la rubrique « chiens écrasés » devient de plus en plus insoutenable. Bien sûr, il n’appelle pas ça « pignouferie de presse », parce qu’on est bien au-delà de la petite pignouferie, du petit écart d’intelligence, du camouflage de bêtise ou de l’inculture basique. On se rapproche bien plus de l’aveuglement, de la dissonance cognitive pathologique, de toute une profession qui a depuis bien longtemps abdiqué tout sens critique.
En dix chapitres qui se lisent assez rapidement, Obertone décrit les faits, détaille et quantifie les problèmes, analyse les réponses apportées, évoque les siennes. En un peu plus de trois cents pages, il écrit noir sur blanc ce que d’autres ont dit, ont blogué, ont chuchoté ailleurs, et ce que tant d’autres ont oublié, caché ou plus pathétiquement, tu.
Par exemple, il nous apprend l’existence étonnante de cette plainte de SOS Racisme en 2000 concernant le tri ethnique à la prison de la Santé. Oui. Vous avez bien lu « tri ethnique ». Cette plainte a été rejetée par le TGI de Paris, avec un verdict confirmé en appel et en cassation. Eh oui : répartir des individus en fonction de leur race (vous savez, ce mot que Hollande veut gommer), c’est très politiquement incorrect dans le monde libre, c’est autorisé dans le monde carcéral. Mieux : c’est conseillé, l’absence de séparation causant plus de problèmes qu’elle n’en résout. Selon Amélie Trappier, coordinatrice régionale en PACA, « les détenus demandent à être ensemble … préfèrent être avec des compatriotes. » Ce n’est pas très vivrensembliste, tout ça. Mais tant que la presse nationale n’en parle pas, ça n’existe pas.
Par exemple, Obertone rappelle un fait, indéniable, pas bisou du tout : en France, il y a 67.000 détenus. Pas moins de 82.000 peines de prison ne sont tout simplement pas effectuées (et dans ces peines, 0.6% sont des peines supérieures à 5 ans, soit 492 personnes). Taubira annonce que la capacité carcérale va être portée de 57.000 actuellement à … 63.000. Oui, cette excuse qui passe pour une Ministre se fout ouvertement de votre tête de contribuable honnête. Et tant pis si vous payez cher (de votre vie ?) le delta encore existant.
Par exemple, l’auteur nous fournit de nombreuses statistiques, officielles et sourcées (ici, une étude menée par le ministère de la Justice et rendue publique en mai 2011) qui indiquent clairement qu’un individu condamné à une peine inférieure à 2 ans de prison récidivera deux fois plus qu’un individu condamné à une peine supérieure ou égale à 5 ans. La tendance actuelle est aux peines de plus en plus courtes. Taubira applaudit. La comparaison avec d’autres pays permet de mesurer les mêmes tendances.
Coïncidence ? Vraiment ? Êtes-vous prêt à prendre le risque ? Non ? Vraiment pas ? Ce n’est pas grave, on ne vous demande pas votre avis de toute façon.
Dans ses deux derniers chapitres (numérotés « 2″ et « 1″, avant la conclusion, « 0″), Obertone montre de façon assez claire le différentiel de traitement de l’actualité en fonction des protagonistes, l’importance des associations (antiracistes, féministes, et plus généralement, toute cette populace obstinée qui entend gommer toutes les discriminations et en introduit de pleines brassées, encore plus insupportables), fournit des cohortes de chiffres statistiques sourcés sur la criminalité, en France et en Europe, qui permettent de dresser un tableau beaucoup plus précis, plus froid, et terriblement moins câlin de la situation telle qu’elle est et non telle qu’elle est rêvée par ces associations. Le démontage des lieux-communs est sans pitié, mais il est nécessaire. Il est surtout suffisamment bien fait pour ne laisser aucune place aux atermoiements ridicules des progressistes de tous crins. Le rôle du collectivisme, de la culture de l’excuse si chère à cet humanisme de pacotille dégoulinant d’une gauche politicienne calculatrice, est fort bien démontré dans l’ensemble du livre.
A ce sujet, je vous encourage à regarder en détail les documents officiels de l’Office National de la Délinquance et de la Réponse Pénale (ONDRP) qui sont fort bien faits et disponibles en ligne, par exemple ici pour 2012.
Les dernières pages de l’ouvrage laissent une question en suspend : combien de temps cette situation pourra-t-elle durer ? Obertone n’y répond évidemment pas, mais les paragraphes et chapitres qui précèdent ne laissent aucun doute sur la violence qui résultera d’une remise à zéro des compteurs si rien n’est fait pour endiguer la pression qui monte, tant du côté des victimes que du côté des agresseurs. Petit à petit, les médias et les politiques ont habilement déplacé le couvercle de la cocotte minute des agresseurs vers les agressés. La foule, très nombreuse, est obligée de se contenir. La France n’est déjà plus, à proprement parler, un pays, une nation. C’est plutôt une nassion, un pays devenu un véritable piège pour certains de ses habitants.
Un seul regret, cependant : Obertone n’insiste à mon avis pas assez sur la cause racine de tout ce mal, cause qui se trouve finalement chez la plupart des citoyens. Il s’agit de ce désir si puissant de sécurité qui aura poussé les uns à vouloir réglementer la vie des autres, et qui aura conduit le législateur à produire ces monceaux de lois dans laquelle il aura enterré les tribunaux, les magistrats, la police et la gendarmerie, pour le plus grand bonheur d’une « élite » politique trop heureuse d’accéder aux demandes variées parce que connaissant trop bien la fameuse maxime de Tacite : « Corruptissima republica plurimae leges » (Plus l’État est corrompu, plus les lois se multiplient). Bientôt, les flics et les juges se sont retrouvés à traiter tant et plus d’affaires accessoires, gérer des crimes sans victimes, et des victimes sans crimes, qu’ils ont oublié le sens même de leurs missions. L’insécurité ne provient plus de ce qu’il n’y a pas de police ou de justice, mais que ces derniers sont bien plus occupés à choper de l’automobiliste ou du contribuable que d’enfermer des violeurs ou des cambrioleurs.
Néammoins, ce livre devra être lu par ceux qui veulent comprendre, par ceux qui ont gardé les yeux ouverts ou ceux qui veulent les ouvrir. Il sera, bien sûr, conspué par ceux qui ne veulent surtout pas sortir de leur rêve, de leur monde rose et doux, ce monde où tout le monde s’aime, tout le monde peut vivre-ensemble, où chaque problème peut se régler moyennant quelques lois et des milliards d’euros d’argent des autres jetés à la face des récalcitrants.
Attendez-vous déjà aux anathèmes jetés sur Obertone. Prenez les paris : il sera cloué au pilori des bien-pensants.