Barack Obama souhaite augmenter les impôts américains en arguant de leur faiblesse historique. Vraiment ?
Par Romain Lullo.
Face à la « falaise budgétaire », Barack Obama et l’administration démocrate plaident pour une augmentation de la pression fiscale fédérale justifié par des revenus fiscaux en pourcentage du PIB historiquement bas. En ce sens il est suivi par de nombreux économistes.
En effet, les chiffres donnent raison à Barack Obama et les revenus fiscaux en proportion du PIB sont bien à un plus bas historique, aux alentours de 25%.
Néanmoins ce raisonnement pèche par une erreur méthodologique grossière. En effet le Produit Intérieur Brut inclut la composante des dépenses étatiques. Or l’Etat n’a pas de ressources si ce n’est l’impôt et l’endettement, il ne supporte quasiment aucune charge fiscale. De plus toute consommation étatique aux entreprises privées est intégré dans la production finale de la composante privée. Par conséquent si la composante « dépenses publiques » du PIB s’accroît relativement plus vite que la composante « privée » les recettes fiscales en pourcentage du PIB vont mécaniquement baisser sans que la charge fiscale supportée par le secteur productif ne diminue.
Ainsi il convient d’analyser les recettes fiscales en pourcentage du PIB privé.
Le dernier plus bas historique remonte à 2003 avec seulement 26% du PIB de recettes fiscales, année où la Jobs and Growth Tax Relief Reconciliation Act (JGTRRA, la fameux "cadeau fiscal" de Bush) est votée. Remarquons la remontée spectaculaire des recettes fiscales qui suivi, illustration éloquente de la courbe de Laffer. Si nous comparons ce dernier plus bas historique avec la situation actuelle nous pouvons remarquer une forte résistance du revenu fiscal en pourcentage du PIB privé qui a presque rejoint son niveau historique de 45%. En revanche les recettes fiscales en pourcentage du PIB se sont effondrées et peinent à dépasser leur dernier plus bas historique de 2003.
C’est l’augmentation sensible des dépenses publiques qui expliquent la baisse du revenu fiscal en pourcentage du PIB. La contribution fiscale effective du secteur marchand a quasiment rejoint son dernier plus haut de 2007 il n’existe aucun « manque à gagner ». Les républicains ont donc bien raison de vouloir agir sur les dépenses et non sur les recettes.