Se pa fòt nou ... Se pa fòt nou

Publié le 04 février 2013 par Badiejf
Cetout me tire la pipe. Il a déjà pris trop de rhum, il pourrait même être forcé de se coucher avant le soleil en ce beau samedi après-midi salé par la mer.
- Hey Labadie, quand prévois-tu forcer le président à déclencher des élections ? Il y a déjà plus d’un an de retard sur le calendrier constitutionnel. On pourrait s’en aller tout droit dans une crise constitutionnelle qui déboucherait sur un énième coup d’État, mais vous devriez bientôt relancer les dés et recadrer ainsi tous ce beau monde.
- Le rhum est trop fort ou t’en prends trop mon cher Cetout. À moins que ce soit le soleil qui relook un peu trop ta calvitie. Tu me parles de quoi au juste ? Qui est ce ‘vous’ ?
- Tu comprends très bien ce que je veux dire. Une fois encore le pays s’en va dans le mur et la communauté internationale s’est encore réservée le rôle de sauveur après avoir poussé le train dans le mur.
- Après plus de 4 ans dans ton beau pays, j’en arrive à la conclusion que cette manie des haïtiens de parler pour éviter de se faire comprendre est peut-être pire que le marronnage. À moins que ce soit une variante du marronnage ? En plus, tu coinces vulgairement la culpabilité du blanc, franchement, tu fais dans le facile. Tu me parles de quoi au juste?
- Je te parle de l’histoire de nos rapports avec l’international. Les mêmes blancs qui nous ont sorti Duvalier pour nous la ramener 25 ans plus tard, ceux qui nous ont ramené Aristide avant de le faire sortir quelques années plus tard, ceux qui ont installé Martelly et qui ne perdront pas deux minutes pour le virer le temps venu. Ceux là même qui nous ont entré dans la gorge la constitution actuelle avec ses exigences que nous ne sommes pas capables de ‘fronter’, et qui trouveront ainsi une légitimité pour intervenir à nouveau. En fait, la crise constitutionnelle dans laquelle on entre avec notre incapacité politique de constituer le Conseil électoral permanent ne pourra trouver de solution que par ceux qui nous ont fait entrer, c’est à dire ‘vous’.
- Ton analyse apparait charmante…
- Charmante ! Elle est juste surtout. Les Nations Unies sont venues ici la semaine dernière nous rappeler que nous devions réaliser cette fichue élection d’ici la fin de l’année. Penses-tu la chose possible ? On attend le Conseil électoral permanent depuis plus d’une année et il ne devrait pas se pointer le bout du nez dans les prochains mois. On y arrivera pas et qui va nous organiser les prochaines élections ?
- T’as pas l’impression de verser un peu trop facilement dans ce fameux ‘se pa fòt nou’ national (ce n’est pas de notre faute) ? C’est un peu court.
- Je ne prétends pas que nous ne sommes pas responsables de notre fiasco, je dis que vous nous aider tout croche. Que vous n’avez pas de suite dans les idées et que votre analyse est toujours tronquée. Que vous nous poussez vers des élections avec des règles qui ne sont pas les nôtres et que vous serez donc appelés à nous imposer les vôtres pour nous éviter un nouveau chaos.
- Ouais, sur ce point 'se pa fòt nou' (qui veut aussi dire ce n'est pas votre faute !) … En passant, tu veux un autre rhum ?