Le Front Populaire a refusé l’offre du FMI d’avoir une rencontre en privé. En revanche, il propose au FMI une rencontre publique lors d’un débat télévisé. Vous pensez qu’il va accepter… Olivier Blanchard, décridibilisé comme il est après son « mea culpa », pourrait s’y montrer toutefois. Une honte et une démonstration d’incompétence de plus ou de moins…
Un article du porte-parole du Front Populaire, Hamma Hammami paru dans CADTM
« Le Front Populaire refuse l’offre du FMI d’avoir une rencontre en privé. En effet, le FMI a imposé au peuple tunisien durant 23 ans, en s’appuyant sur la dictature de Ben Ali, une politique antisociale et antidémocratique qui a fait beaucoup de ravages (chômage, pauvreté, corruption et dictature..). En revanche, le Front Populaire propose au FMI une rencontre publique lors d’un débat télévisé.
Le Front Populaire rappelle que, le peuple tunisien qui a fait la révolution a exprimé sa volonté de rejet de cette politique, et du pouvoir qui avait la charge de la lui imposer. De même que sa volonté d’en finir avec cette politique.
Cependant, faisant fi de cette volonté clairement exprimée à travers la révolution, le FMI non seulement exige la poursuite de la même politique, mais, en plus veut l’accentuer davantage. C’est le sens du nouveau plan d’austérité et de relance de l’endettement extérieur (à un rythme jamais atteint auparavant sous la dictature) qui vient d’être conclu avec le gouvernement de la Troika.
Le dernier rapport de l’Expert de l’ONU sur la dette qui condamne les agissements des créanciers comme le FMI en affirmant que : « les créanciers ne devraient pas subordonner l’octroi de prêts ou les mesures d’allègement de la dette à la mise en œuvre, notamment, de politiques de privatisation, de titrisation, de libéralisation du commerce, de dérégulation des investissements ou de libéralisation du secteur financier ». Ce rapport insiste également sur le fait que « les États créanciers et les institutions financières internationales ne doivent pas tirer parti d’une crise économique, financière ou liée à la dette extérieure pour promouvoir des réformes structurelles dans les États débiteurs ».
Le Front Populaire ne reconnait aucune légitimité au FMI pour continuer de décider du sort du peuple tunisien et considère son nouveau plan comme étant la poursuite de son agression contre le peuple tunisien. Le Front Populaire exige du FMI de cesser immédiatement toute ingérence et tout acte hostile contre le peuple tunisien. De même que le Front Populaire exige que le FMI rétrocède au peuple tunisien ce qu’il a indûment perçu comme remboursement de la dette odieuse afin que cela alimente un fonds de développement humain contrôlé par la population.
Le Front Populaire saisit cette occasion pour exiger du gouvernement de la Troïka de cesser toute collaboration avec le FMI qui porte atteinte aux intérêts vitaux du peuple tunisien. Qu’il mette fin aux négociations secrètes avec le FMI, la BM, la Commission Européenne ou bien toute autre autorité ayant pour objet les intérêts nationaux du peuple tunisien.
Enfin, le Front Populaire exige la suspension immédiate du remboursement de la dette, le gel des intérêts et la réalisation d’un audit de la dette tunisienne. Cet audit doit associer la société civile et permettre de comprendre les circonstances entourant la conclusion de ces prêts, leur utilisation, d’identifier les responsabilités et déterminer la part odieuse : celle qui doit être annulée sans conditions. »
Le porte-parole du Front Populaire, Hamma Hammami
Source: CADTM
Le contexte de la situation:
La Tunisie est dans une situation politique et économique fragile.
Le FMI était en visite en Tunisie du 15 janvier au 1er février. Il a annoncé que « les négociations sont à un stade avancé pour arriver à un accord de confirmation à titre de précaution pour un montant de 1,78 milliards de dollars américains ». Dans un communiqué rendu public ce lundi 4 février, la mission affirme avoir «soumis ses observations sur le programme du gouvernement aux autorités tunisiennes».
Vous avez compris: austérité, privatisation des services publics, et patati et patata, sinon pas de prêt. Le FMI veut donc comme à son habitude, imposer sa vision de l’économie à la Tunisie sous-prétexte que cela garantit mieux le remboursement de son prêt et que c’est la seule alternative possible pour un avenir radieux parsemé de pétales de roses, sans doute pas pour tous, mais juste pour ceux qu’il faut.
La mission du FMI dirigée par M. Amine Mati déclare également avoir eu des «échanges fructueux avec plusieurs hauts responsables du gouvernement et de la Banque Centrale de Tunisie». Elle prétend également entretenue avec des parlementaires, des représentants du secteur bancaire, de partis politiques, du secteur privé, des syndicats, des bailleurs de Fonds, et de la société civile. La mission a discuté de la situation économique du pays, du programme économique du gouvernement, et du «rôle que peut jouer le FMI pour promouvoir le développement du pays». (Mag14)
Vous avez compris: Amine Mati et ses sbires sont allés influencer, menacer, corrompre, intéresser, inciter, persuader, s’assurer du soutien de ces interlocuteurs à sa politique afin qu’une fois qu’ils seront rentrés chez eux le coeur léger, tout tournera tout seul.
Mais Le Front Populaire, susceptible d’accéder un jour au pouvoir politique, a refusé comme nous l’avons vu une rencontre privée.
Des Hommes, des femmes, des peuples et des Etats d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie que l’on avait coutume de dominer nous donnent toujours à voir des comportements de courage, de justice et de démocratie.
Leur refus de la domination occidentale culturelle, économique et politique s’accroît de jour en jour. Non, on ne va pas pouvoir encore longtemps imposer nos diktats. C’est le retour du bâton. La seule chose qu’on a trouvé de mieux pour contrer cette quête d’émancipation, en plus des traditionnels soutiens aux dictateurs et vol de leurs richesses, est de créer des intégristes décérébrés et d’accentuer la pression économique par la dette.
C’est bien, les gars, c’est bien.
Nous, quand on veut on envoie valser la Troïka. C’est quand on veut.