Devant le succès qu’a rencontré notre billet à propos de Vivaldi et de son coffret, nous avons décidé d’essayer de publier davantage d’articles dans ce goût-là, alliant découvertes musicales et bonnes affaires !
Aujourd’hui, il s’agira de vous parler du magnifique coffret de chez Sony,
Jazz : La Discothèque idéale en 25 albums originaux
Ah, encore un coffret de “genre”, oui… c’est bien…
C’est là que se situe tout le piège dans lequel ce coffret devra se faire fort de ne pas tomber, tant il est vrai que l’on assiste depuis plusieurs années au phénomène coffret, véritable parangon économique pour les labels – imaginez :
Revendre du neuf avec du vieux qu’on ne vend plus !
Mais, loin de la multitude de ceux que l’on trouve le plus souvent, intitulés toujours avec grande sobriété “Les 100 plus grandes chansons de…”, ce coffret-ci ne se présente pas sous la forme d’un amas sans queue ni tête de titres, divisé en plusieurs CDs selon un choix éditorial qui relève plus souvent de la recette du gloubi boulga que d’un réel angle de lecture offert à l’auditeur.
En effet ici, pas de nouveau fil à couper le beurre, pas de Révolution (si ce n’est celle du prix), mais plutôt le choix sage de la part de Sony de n’avoir sélectionné qu’interprètes et albums, laissant ainsi leur pleine intégrité à ces artistes dans l’agencement de leurs titres entre eux.
Ce sont donc 25 albums originaux que l’on pourra observer dans ce magnifique coffret ; toutefois on leur trouvera parfois adjoints des morceaux “inédits” en supplément, ce dont on ne se plaindra pas.
Bon, mettons. Mais on y trouve quoi alors, dans l’couffin ?
Avant toute ivresse, faisons nous les chantres d’un joli flacon. Non content de constituer un véritable hold-up par son contenu, cette petite merveille se paye aussi le luxe d’une jolie présentation.
En effet, de taille contenue, le coffret est imprimé de l’éventail des pochettes des différents albums qu’il propose en une fresque que, pour ma part, j’ai trouvée fort sympathique. Plutôt solide, il maintiendra avec sureté les pépites qu’il contient. Car c’est sans doute à l’intérieur que l’on appréciera le mieux les qualités d’habillage du produit, avec ces pochettes imitant au cinquième celles de nos vinyles préférés ou encore ce fascicule d’une quarantaine de page offrant à chaque album une présentation en français comme en anglais ainsi qu’une discographie détaillée.
La discothèque de jazz idéale… l’objectif était pour le moins ambitieux !
Il est je pense, pleinement rempli, malgré les compromis de composition que le format imposait forcément. Nous ne trouverons certainement personne ici pour déclarer que ces 25 albums sont ceux qu’il préfère en jazz, et devant la multitude de prestations exceptionnelles que recèle le genre, il a bien fallu faire un choix chez Sony. Aussi, il fut celui, pragmatique, d’un découpage presque thématique du registre. Nous y trouverons ainsi les incontournables légendes classiques du jazz, telles que Louis Armstrong, Duke Ellington, Billie Holiday,Count Basie,Art Tatum aussi bien que des artistes aux volontés plus modernes comme Charlie Parker, Miles Davis, Thelonious Monk, Herbie Hancock.
Tout ce beau monde saupoudré d’éternels inclassables en les personnes de Brubeck, Solal…
Pour une présentation plus exhaustive de la composition du coffret, je vous invite à vous renseigner directement sur les boutiques en ligne qui le vendent et que je présenterai plus bas.
D’aucuns considérerons qu’il manque ici les Coltrane, Reinhardt, Bechet et j’en passe, et ils auront raison… et tort à la fois.
Boîte à merveilles, ce coffret n’en est pas pour autant boîte de Pandore, et ne peut par conséquent englober tout le jazz du monde. Pourtant, difficile d’être déçu de ces choix tous plus pertinents les uns que les autres, et surtout les par rapport aux autres.
Et le son dans tout ça ? Pertes et profits ?
Bien sûr que non !
Et c’est d’ailleurs peut-être la qualité primordiale de ce coffret, d’avoir su réunir toutes ces versions de qualités d’albums parfois vieux de plus de 60 ans. Les amateurs de jazz que vous êtes le savent, il est nombre de disques légendaires que les grésillements et la mauvaise qualité d’enregistrement viennent sérieusement entacher.
Si seule la musique compte, et que cela ne vous a jamais empêché d’apprécier un bon swing signé Art Blakey, nous observons qu’il est possible aussi de limiter ces travers… pourquoi se priver ?!
Le travail de remastering est globalement excellent et ne dénature absolument pas l’esprit initial des enregistrements, comme c’est trop souvent le cas. Ces albums issus des collections de Columbia comme de celles de RCA Victor respectent majoritairement un standard de qualité très élevé. Cependant, pas de tromperie ici, le grésillement caractéristique des plus vieux albums n’aura pas disparu, autant vous prévenir !
Dans le détail ?
Devant l’impossibilité de vous parlez des 25 albums de ce coffret et pour vous laisser la primeur de la découverte, j’ai décidé de vous présentez brièvement trois d’entre eux.
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Paul Desmond – Gerry Mulligan : Two Of A Mind
Sans aucun doute un des plus beaux duos de l’histoire du jazz, Desmond à l’alto et Mulligan au baryton ou au soprano font preuve d’une sensibilité et d’un touché peu commun. Le ballet de leurs mélodies résonnera longtemps dans vos oreilles après l’écoute. Pour ne rien gâcher, la prise de son est de très bonne qualité et contribue réellement à cette impression d’infinie délicatesse qui émane de l’album en nous donnant à entendre le bruit des clés et ainsi l’incroyable douceur avec laquelle ces deux-là sont capables de les actionner. Si vous ne deviez écouter que 30 secondes de cet album, il faudrait que ce soient les premières du premier morceau, All The Things You are. Je crois qu’elles résument tout de la poésie et la force de ce tandem.
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Art Blakey : The Jazz Messengers
En voilà un album réjouissant ! Blakey, batteur de légende, et parmi les inititateurs du style bebop, nous livre ici le premier opus éponyme d’une longue collaboration avec ses Jazz Messengers ; nous sommes en 1956. Du rythme en veux-tu en voilà, distillé avec génie par Art Blakey et servi avec brio par de solides instrumentistes. C’est un véritable album de transition que l’on trouve là : la fin d’une époque et d’un genre et le début d’une autre. Situé à la frontière entre la tradition du jazz et le bebop naissant, le batteur signe là des noces heureuses, auxquelles on manquerait d’assister pour rien au monde.
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Helen Merrill : Parole e Musica
On change ici radicalement de registre, avec ce disque de jazz vocal incroyable que je ne connaissais pas du tout avant d’acheter ce coffret (comme quoi !). C’est un véritable voyage que nous propose Helen Merrill ici, en interprétant avec tant de talent ce répertoire de standards enregistrés pour la télévision italienne. Les lectures du présentateur italien Fernando Caiati annoncent chacun des titres et nous plongent dans l’ambiance très “music-hall” de l’album. Voyage oui, car écouter ces morceaux les yeux fermés nous donne l’impression tenace de croquer dans une amande, de caresser l’écorce d’un olivier et de se balader dans la douce chaleur d’une ville italienne. Dégustez-en, c’est une parenthèse de choix à offrir à la fureur de nos quotidiens.
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Et ça se trouve où, ça coûte combien ?
Vous pouvez trouver le coffret chez Amazon (et ainsi nous aider un petit peu à financer le blog) pour… attention, c’est là que ça devient extraordinaire : 39,99 euros ou bien à la Fnac pour le même prix.
Je vous souhaite au moins autant de bonheur que j’en ai eu, et que j’en aurai encore avec ce coffret