S'il devient banal de dire que le mobile transforme de nombreux domaines, il est tout de même parfois utile de le répéter en adoptant un nouveau point de vue. Les analystes de Gartner proposent ainsi, dans leurs dernières prévisions en la matière, de s'intéresser à l'impact global des applications pour smartphone sur le développement logiciel en entreprise.
Tout commence donc par une prédiction, selon laquelle, d'ici 2016, la moitié des applications mobiles déployées seront "hybrides". La raison évoquée pour une telle tendance, alors que l'approche "native" est aujourd'hui très largement majoritaire, est sans surprise : dans leurs stratégies mobiles, les entreprises prennent progressivement conscience de la nécessité impérieuse de supporter des plates-formes différentes, de plus en plus nombreuses (iOS, Android, Windows Phone, BlackBerry... et leurs multiples versions).
Rappelons ce que signifie le terme "hybride". Il qualifie une typologie de logiciel se situant à mi-chemin entre les approches natives (utilisant une plate-forme de développement "classique", spécifique à chaque système mobile) et "web" (utilisant le language standard HTML pour des "applications" accédées à travers un navigateur internet). Ce mode hybride combine les avantages des 2 mondes, avec une application native "légère", pour exploiter les capacités de l'appareil, intégrant un module web, dont les fonctions pourront être réutilisées à l'identique sur différents systèmes.
Au-delà des applications destinées aux clients, cette tendance s'affirme désormais aussi vis-à-vis des collaborateurs, grâce, en particulier, à la généralisation des politiques "BYOD" ("Bring Your Own Device" – "Amenez Votre Propre Matériel"), qui permettent aux employés d'utiliser leur mobile personnel dans le cadre de leur activité professionnelle. La diversité des équipements devient ainsi universelle et irréversible.
A l'opposé du spectre, les applications web, qui satisfaisaient largement les besoins des populations internes de l'entreprise jusqu'à maintenant, commencent à montrer leurs limitations. En effet, les applications mobiles modernes ont gagné en sophistication, profitant, par exemple, du contexte de l'utilsateur pour les rendre plus performantes ou plus pertinentes. Or, seul le développement "natif" offre aujourd'hui la capacité d'accéder aux données nécessaires, qu'elles émanent du matériel (par exemple l'appareil photo) ou du logiciel (notifications, carnet d'adresse...).
Conclusion, il est impératif de tenter de concilier compatibilité avec un maximum de plates-formes différentes et richesse grandissante des fonctions offertes, tout en maîtrisant les coûts, de développement, de support et de maintenance. Voilà qui explique le succès annoncé de l'approche hybride, qui offre le meilleur compromis entre ces exigences contradictoires.
De plus, au-delà de ces considérations somme toute banales de nos jours, une transformation plus profonde est en train de s'opérer : ces réflexions sur la mobilité, historiquement traitées de manière indépendante dans les organisations informatiques, commencent à influer directement sur les stratégies globales d'équipement technologique et d'architecture d'entreprise. Elles en deviennent d'autant plus critiques.
Malheureusement, si j'en crois mon expérience, les entreprises ne sont pas prêtes à l'heure actuelle pour une telle transition vers les applications hybrides. Il devient donc urgent que leurs DSIs se familiarisent avec les modèles d'architecture correspondant et qu'ils développent les compétences (notamment autour de HTML) qui deviendront indispensables dans un avenir proche...