“Localisons! Oui! On ouvre d’abord le site en anglais… et puis on verra!” s’exclame le marketeer en charge du lancement d’un nouveau site. Il découvre ensuite que les visites viennent d’un peu partout, et surtout de pays non-anglophones. “Caramba!”. Il est donc tenté de traduire son site dans la langue préférée de l’utilisateur. Normal.
Il croit que c’est easy. Il le fera donc lui-même. #fail
Les false friends (faux amis) sont légions malheureusement. Et les néologismes ne se comptent plus. Depuis bien avant le web, des essais parfois réussis, parfois ratés, de campagnes publicitaires, nous avaient habitué à ce genre de coquilles. On pourrait même parler de perles pour certains.
On se souvient du “Juste fais le”, traduction obligée de la célèbre phrase de Nike – Just do it – , en référence à la loi Toubon en France. Un clin d’œil des Guignols, certes, mais qui justifiait à lui seul la difficulté qu’ont les agences à traduire des slogans, des proverbes, des phrases qui veulent tout dire dans une langue, et… rien dans l’autre.
La localisation, c’est déjà en soi, un néologisme. On devrait peut-être parler de transposition, légèrement plus adéquat que la simple traduction. Vous avez peut-être une meilleure idée? suis toute ouïe!
Pinterest est récemment tombé dans le piège avec la version française de son site. On essaie, on cherche. Comment va-t-on dire to pin en français ? Pinner ? Épingler ? Accrocher (au tableau )?
Tout se mélange.
Un mélange très moche, non?
Sur Pinterest, nous pouvons donc retrouver tous les pins populaires. Les pins. Je pense aux pin’s. Ce petit bout de métal qu’on arborait fièrement sur sa veste, dans les années ’90… ceux qui le font encore aujourd’hui, ce sont les présidents et ministres. Obama avec son drapeau américain par exemple.
Le pin’s, cet objet qu’on accroche, qu’on veut accrocheur en fait. Car c’est bien pour attirer le regard de l’autre qu’on le porte. Discrètement. N’en déplaise à ceux qui me diront que c’est uniquement un signe d’appartenance à ceci ou cela. Montrer son appartenance, c’est aussi accrocher l’autre, que ce soit avec un pin’s, un foulard ou des Ray Ban…
Mes souvenirs me font revenir une minute en arrière; les gros badge ACIDE, c’était déjà une sorte de pin’s, non? Un peu plus laid, un peu plus flash. Et surtout, l’ancêtre du smiley
Pinnable? c’est Mashable qui s’y colle dans son article sur Gucci. Légèrement douteux, non?
Quant au réépinglage, que dire? A part quelques articles soulignant l’effort francophone de Pinterest, rien sur ce terme barbare. Sauf peut-être celui-ci qui m’échappe encore (j’ai beau le relire!). Il date de juillet 2012 et parle IT, sans aucune mention du réseau social d’images. Belle performance.
Après plus de 10 ans dans le métier, je constate encore que la Belgique reste le laboratoire des sites multilingues. Une difficulté supplémentaire en soi. Une richesse aussi. Avec nos 3 langues officielles (le belge, le français, le néerlandais et l’allemand (rarement repris en ligne chez nous)), et la 4e qui devient parfois la première (l’anglais), nous n’y échappons pas. Avant la page d’accueil du site, il y a le choix de langues. C’est comme ça. Le marketeer a peur de vous perdre si, en tant que francophone pur jus, vous tomberiez sur des textes à la Vondel ou Güttenberg. Que ce soit sur MSN, Skynet ou Immovlan.
En page d’accueil de nos sites belges, parfois, l’économie d’échelle veut que des traductions toutes faites issues des Pays-Bas ou de France, y soient injectées telles quelles. Cela se voit et c’est très moche. Pensez à les faire relire par des natifs du pays, ça nous évitera quelques endives dans le texte.
Aujourd’hui, à l’heure de la globalisation, de la simplification des actions en ligne, est-il possible de ne pas tout mélanger, d’éviter les nouveautés linguistiques – risibles parfois-, et de lancer une version correctement optimisée dudit site dans une autre langue, sans se tromper aussi grossièrement?
Localisons, oui, mais localisons bien!Articles similaires:
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