Si vos oreilles sont délicates et habituées aux subtilités ternaires du jazz, votre corps ne pourra résister au groove monstrueux du riff principal. Mi, Sol, La, Fa, Mi. Le Mi et le Sol ont une durée équivalente, le La s'étire tandis que le Fa et le Mi final s'enchaînent à la vitesse de l'éclair. Amusez vous à imiter la rythmique de ce riff avec votre guitare, et vous verrez que vous n'êtes pas Buzz Osborne. Mais on ne groove jamais seul, n'est-ce pas, et lorsque la batterie entre en scène, après avoir ponctué le premier riff, de bruits de casserole bizarres, vous êtes pris dans ce quelque chose, cet évènement, surgi de l'interaction des forces musicales, qui est...le groove. Si vous êtes en concert, la folie s'empare du public à ce moment là, et il faut tenir le coup.
Ce qui est épatant dans cette chanson, c'est aussi cette capacité à être à l'aise dans différents registres du rock. La voix est très dure, les projections puissantes, on est, bien sûr, plus proche du style vocal de la scène indé américaine des 80's que de celui du heavy rock anglais ou du métal. Pourtant, il y a un break limite death métal, avec guitares sous accordées et voix ultra basse ! Et il y a un développement stoner qui propulse le morceau dans une dimension psychédélique, un autre rythme et un autre groove ! Et, pour finir, champignon sur le space cake, il y a un solo, élégant et aérien, au son génial, légèrement fuzzé, qui rappelle les merveilles sonores d'Hendrix.
En bref : n'en jetez plus, les Melvins sont géniaux.
Version album :
Version live d'époque (1996) , avec un Buzz à la patate hallucinante :