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Surprenant le monde entier, le comité Nobel a attribué le prix Nobel de la Paix à l’Europe. Aussitôt, des voies se sont élevées de toutes parts pour faire des commentaires plus ou moins fondés. Les bien-pensants persifleurs, les euro-septiques et les souverainistes ont ironisé ou condamné cette nomination en faisant appel aux plus démagogiques des arguments, en particulier en rendant l’Europe responsable de la crise économique qu’elle traverse. Les hommes chérissent les causes des évènements dont ils déplorent les conséquences ! C’est oublier un peu vite que cette crise a ses racines aux USA et qu’elle se répand sur toute la planète, n’épargnant pas même la Chine qui s’inquiète de voir son taux d’expansion diminuer de façon inquiétante. C’est oublier que les raisons fondamentales de la création de l’Europe par ses géniteurs ont été de la mettre à l’abri des guerres monstrueuses qu’elle avait subies en 1914 et 1940 avec leurs 70 millions de morts. C’est oublier qu’en effet, depuis plus de 60 ans, l’Europe est un espace de paix et de coopération comme Robert Schumann l’avait rêvé en 1950 en créant une communauté économique franco-allemande. Même si l’intégration politique se heurte aux égoïsmes nationaux, l’intégration progressive économique a permis que l’Europe devienne la première puissance économique mondiale, un espace de liberté, de paix et de protection sociale. C’est oublier que, même si les dérives du monde financier ont fait preuve de nuisance insupportable, la pauvreté a globalement reculé en Europe. Condamner l’Europe parce que des peuples souffrent d’une crise sans précédent, due à l’incurie des politiques qui ont enfoncé leur pays dans une dette devenue insupportable, c’est se tromper de combat. On peut juste regretter que ce prix Nobel de la Paix intervienne trop tard pour ne pas avoir été attribué à R. Schumann, De Gaulle ou Adenauer, comme il a été attribué trop tôt à Barak Obama.