Titre sec pour pièce sèche. Ou plutôt pour mise en scène sèche, ce pauvre Molière n'a rien demandé à personne. J'annonce donc le ton, je n'ai pas aimé cette mise en scène.
Tout avait bien commencé pourtant : Dom Juan, c'est la référence ultime de Molière, une de ses pièces les plus complexes, l'une de ses pièces les plus virulentes aussi et surtout l'une des plus subtiles. Ce soir là j'étais pleine d'espoir et de rêve, me disant qu'enfin j'allais apprécier un spectacle au théâtre éphémère - édifice impressionnant, dans la nuit bleutée derrière les colonnes de Buren... oui, tout portait à croire que j'allais passer une bonne soirée.
La déception fut rapide. Le rideau s'ouvre. Sganarelle, imposant, s'avance avec des pages et le bon Gusman. En y repensant, dès cet instant il y avait un défaut, le défaut qui perdure ensuite pendant presque trois heures : trop lent. Mais sur le moment, je n'ai pas reçu le signal, j'étais encore dans l'illusion (erreur humaine bien courante...). Et puis ce fut la première réplique, la tirade du tabac. Tirade difficile à jouer, difficile à comprendre mais drôle, provocante, et finalement pertinente (Molière quoi) - eh bien là ce fut... plat. Désespérément plat.
Patiente, je me dis que bon, tant pis, c'est vrai qu'elle est pas facile cette tirade, attendons la suite - attendons Don Juan, et puis ça arrive qu'on ne soit pas convaincu tout de suite, ça arrive souvent même...
Arrive Don Juan. Il a un costume tout bien jaune (pour faire l'or brodé comme c'est écrit exactement dans le texte), une perruque qui ne lui va extraordinairement pas, mais Loïc Corbery est bon, ça se voit ! Pourtant, pourtant quelque chose ne va pas. Je ne comprend pas immédiatement et ne peut qu'assister, bien triste, à la fameuse tirade de l'inconstance qui était l'une de mes préférées de tout ce que je connais du théâtre et qui en cet instant est plate, désespérément plate. Je me renfonçai alors dans mon siège en regrettant d'être venue, en maudissant mon siège en milieu de rangée, mais avec encore l'espoir et la persévérance de voir s'effectuer un déclic, une accélération, quelque chose ! Mais non, platitude, désespérée platitude.
Il y avait tout de même un élément intéressant que je souhaiterais souligner : les décors. Splendides ! Originaux, plus ou moins utiles, en tout cas très sympathiques. Sauf les galets que l'on peut apercevoir ci dessus (non mais c'est parce que c'est Dom Juan ou Le festin de pierre, haha) qui font un peu superficiel.
Je l'avoue : je suis partie à l'entracte. Mais que venait faire un entracte au cours d'une pièce comme Dom Juan ? Dom Juan c'est la fuite, la folie, l'enchaînement des évènements : on a pas le temps de respirer, on ne veut pas d'entracte normalement. Mais quand on ralentie la mise en scène au point que la pièce dure trois heures... Alors l'entracte était la preuve qu'il fallait que je parte. Vite.
Comme je voudrais vous parler aussi de pièces que j'ai aimé, j'essaierai de faire un article sur Démocratie, en ce moment au théâtre 14 (c'est très très bien). Peut-être sur Six personnages en quête d'auteurs aussi, au théâtre de la Colline. Et puis il y avait Le roi se meurt avec Michel Bouquet au théâtre des nouveautés dont il faut que je vous parle parce que ça m'a impressionné. Bref, si un jour j'ai le temps de vous écrire, ô vous les trois personnes qui me lisez, je vous promet cette fois d'être enthousiaste.