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Et si, définitivement, il ne fallait, dorénavant, retenir qu’un seul mot, qu’une seule phrase, qu’une seule intuition, de toutes ces péripéties, ces rebondissements en cascade, ce périple invraisemblable, ce voyage extrêmement aventureux (pour faire bref), qui nous avait finalement conduit, cette année-là, Violaine et moi, de Sarajevo (quasiment sous les bombes) jusqu’à Beyrouth, rien que pour espérer, un jour, peut-être, on ne sait jamais, obtenir l’indispensable feu vert, fugitive et tacite approbation des illuminés de la Jihad, s’il ne fallait retenir qu’un seul mot de ces nuits de velours quand nos fulgurances de sexe et d’éternité déchiraient la nuit d’hébétude, tout comme les éclairs bleutés de la défense antiaérienne - dans le silence des ténèbres - déchiraient à leur tour l’obscurité des collines, s’il ne fallait retenir qu’un seul mot de nos murmures épouvantés, s’il ne fallait retenir qu’une seule phrase, ce serait celle que, jamais, je n’ai pu prononcer.