XXIII
la beauté noire
Et là ils sont dans les nuages
Errent les enfants
comme cheins fous
au gré des vents
dans les
tourbillons et les turbulences du vent
Sans rame, sans voile, sans barre, sans mire
Seuls amers les constellations d’étoiles
seuls
paysages
des nuages la teinture fugace.
Lors le criquet divinò poussa sa délirante stridente
Nuages percés vers le bas
tombées les eaux du
ciel en-bas
et au dessus du trou
nimbés
d’un vert guère comme les nuages
raides
penchés ils virent :
Un la-chai’ délectable, ils virent
(pas une chair,, un la-chai’, entendez-le, un sacré la chai’, ouaille !)
Splendeur insoupçonnée en-bas là
Fèves et miel,
Piments et
boissons enivrantes
Et des oiseaux
oranges dans l’air vert
Et des oiseaux
rouges, et des oiseaux diaprés
Et
des poissons misant leurs belles lumières
dans les cavernes
de la mer
Et
des poissons rares
Avec
les belles arêtes qui font les belles parures
Et des fleurs,
doux-Jésis !
Des
fleurs comme tellement des enfants
Ne
peuvent en voir sans laisser éclater leur joie
Sans
lasser les cueillir
Les
tresser et les offrir
Des
néfliers, des baumes camphrés
Des
amarantes roses
Des
fuchsias-montagne aux pétales laineux
Des
bégonias, des grappes drues d’amanoa
Et ils crièrent et dansèrent de joie
Et on les envoya demeurer sur
terre
On les chassa avec des bourrades
Pour qu’ils ne reviennent
pas mélanger les lignages
Et l’un derrière
l’autre à la file ils coulissent vers le sol
Et là ils foulent.
Ils pressent la terre en ses teintures
dégraisseurs
d’étoffes en leurs teintures
Et les oppresse là-même
La même tout
aussitôt les oppresse la beauté noire.
Monchoachi, Lémisté, Obsidiane, 2012,
pp. 69 et 70
note de lecture de ce livre (par Jean-Pascal Dubost)
bio-bibliographie
de Monchoachi.