Lu le dossier Jean-Pascal Dubost dans la revue Décharge, n°147. L’entretien est
bien : Jean-Pascal est toujours aussi cassant, net, tranchant. Je
comprends qu’il sépare deux périodes, avant/après Les nombreux, ce livre étant comme un adieu au vers. Son refus de
l’émotion larmoyante, je le partage. Il revendique encore la primauté de la
technique et du travail ; il faudrait que je l’interroge sur Ponge, à ce
propos. Suit une courte anthologie d’une douzaine de poèmes dont six inédits
extraits de ce « livre de dette » dont il me parle depuis deux ou
trois ans, et qui renoue avec le poème-phrase étirée. Il faudrait aussi
l’interroger sur sa forme particulière d’humour, mêlant auto-dérision et
satire.
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Beau ciel bleu. Je suis allé au marché : acheté un gros bouquet de
soleils. Je repense à Van Gogh et à ce vers de Tzara qui m’est toujours resté
en tête : « Éternel tournesol carrousel de soleil ». Alexandrin
ternaire et micro-structure sonore.
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Message de Mathilde Visher, toujours aussi gentille, à propos d’un festival en
Suisse. Très bonne idée d’offrir ainsi un espace de rencontres à de jeunes
poètes français et suisses durant une semaine.
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On n’est pas un bon titre. Il insiste
trop sur un marqueur déjà lourd de mon travail. Et de là à ce qu’un esprit
malveillant me demande si je n’ai pas oublié un « c »…
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Jean-Louis Giovannoni m’envoie son texte pour Triages. Je pense que James lui a demandé cela pour la section
« Les langues du métier ». Jean-Louis travaille l’articulation des
langues de ses deux métiers : poète et assistant social en hôpital
psychiatrique. Très intéressant de lire comment son rapport aux malades a
transformé son rapport à la langue, et donc sa poésie. L’analyse n’est pas
technique, pas encombrée de termes médicaux, mais très écrite. C’est vraiment
un texte de Jean-Louis à part entière, sur un sujet que je n’avais jamais
abordé avec lui mais qui m’intriguait depuis longtemps. Car, sur une longue
période, je crois à ce poids de la vie professionnelle sur celle d’écrivain.
Une sorte de pression insidieuse ou parfois brutale de l’une sur l’autre. Pour
moi, je sais que le thème de la fatigue est très lié à la débauche d’énergie
nécessaire pour enseigner. Pour Jean-Louis, c’est la question de la langue
autre qui est posée, et comment serait-elle évitable au contact quotidien de
malades mentaux ?
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Le bruit des poissons rouges de Sabine ; ils viennent en surface gober de
l’air, ou de la fumée de gauloises, qui sait ?
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Invitation Cavaillon : si je comprends bien, il s’agit d’une double
lecture : Glück, Sacré, moi, Combet, puis film de Graziani, et lectures de
Giovannoni, Sintive, Ferrat. Un festival… Donc je n’aurai pas besoin de lire
beaucoup. Choisir dans le travail fait avec Anik Vinay.
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Plus je travaille sur les poèmes anciennement écrits, pour la reprise Tarabuste, plus je me dis que les
marges ont leur place, leur sens. Au fil des années, j’ai écrit un tout
incomplet mais cohérent. Les excroissances sont des annonces ou des impasses ou
des attentes, il ne faut pas les raboter. Ce qui ne m’intéresse plus, ou moins,
avait sa raison d’être dans une poursuite d’écrire-vivre, qui continue. Laisser
un labo, pas un musée emaz.
épisodes 1, 2,
3,
4,
5,
6,
7,
8,
9,
10,
11,
12,
suite mercredi 6 février 2013
©Antoine_Emaz