Mon avis :
Avant de disparaître, Mio avait fait une promesse à son mari : lorsque la saison des pluies serait de retour et après un laps de temps encore inconnu, elle reviendrait sans faute voir comment ceux qu’elle fut obligée de quitter se débrouillaient. Et c’est ce qui arriva un beau jour au début de la saison des pluies ; sans crier gare, Mio quitta Archive pour rejoindre les deux êtres qu’elle n’avait jamais pu oublier. La joie fut immense pour le petit Yûji, mais Takuji, lui, savait pertinemment que cette renaissance ne serait que temporaire et qu’il fallait en profiter le plus subtilement possible. Rares sont les histoires d’amour qu’il nous est permis de vivre deux fois de suite, et les deux amoureux en sont pleinement conscients. Une nouvelle vie, certes temporaire, s’ouvre à eux et de nouvelles expériences leur sont à nouveau réservées.
Dans « Je reviendrai avec la pluie », roman vendu à plus de trois millions d’exemplaires au Japon, ICHIKAWA Takuji joue largement sur la corde sensible du lecteur. On y retrouve le petit garçon semi-orphelin vivant avec son père qui fait de son mieux pour tenir la promesse qu’il a faite à son épouse avant qu’elle ne rende son dernier souffle, à savoir de donner la meilleure éducation possible à son fils. Il y a également le vieux monsieur malade et philosophe qui vit dans une solitude quasi complète avec son brave chien, et bien entendu Mio, la maman, qui se retrouve seule sur la planète Archive alors qu’elle aurait tant aimé poursuivre sa vie avec les deux hommes de sa vie.
ICHIKAWA Takuji connaît la recette du roman populaire contemporain : une petite dose de fantastique, des personnages fragiles et une réalité-fiction créée pour perturber quelque peu le lecteur (le roman est écrit à la première personne et le narrateur se nomme Tak-kun : diminutif de Takuji). Mais pour pouvoir concrétiser ce genre de roman, il faut un peu plus de maîtrise d’écriture que n’en possède ICHIKAWA. Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman : Mio fait son apparition dans la vie banale des deux hommes de la famille et se demande comment bien gérer ces retrouvailles temporaires. Et c’est là que le bât blesse ; les discussions entre les deux amoureux sont totalement vides pour ne pas dire niaises, il y a un manque de profondeur tout aussi important que la fadeur psychologique de tous les protagonistes du roman. Le récit évolue chaotiquement sans que le lecteur ne puisse s’accrocher à quoi que ce soit d’émouvant ou de sincère. Et c’est ce manque de sincérité flagrant chez l’auteur qui rend ce roman prétendument autobiographique difficile à croire. De plus, l’écriture y est pour le moins très rédactionnel et n’arrive jamais à élever le sujet qui, il est vrai, est dès le départ d’une banalité difficile à exploiter.