Un beau sencha de montagne qui sort de l'ordinaire avec le fameux cultivar Shizu7132 ("shizu nana ichi san ni"). J'ai déjà évoqué plusieurs fois ce cultivar atypique, aujourd'hui ancien, mais qui ne fut jamais enregistrer officiellement, c'est pourquoi il n'a pas de nom, et est désigné par son numéro au centre de recherche où il a vu le jour, hybride de Yabukita et d'une autre variété inconnue. Il avait d'abord attiré l'attention pour sa grande résistance au givre. Néanmoins des tiges très épaisses par rapport aux feuilles rendent la manufacture du thé difficile. Pourtant son parfum exceptionnel ne passe pas inaperçue, même si certains producteurs lui reproche un manque de stabilité.
C'est un futsumushi sencha en provenance de Tawaramine (Shizuoka, arrondissement de Aoi), œuvre, comme le Sayama Kaori présenté précédemment, de Mochizuki Shôji.
Les feuilles sèches ne font pas mentir la réputation de du cultivar : un étonnant parfum sucré, florale mais complètement dominé par un parfum de feuilles de cerisier du Japon, on pense tout de suite à la pâtisserie japonaise appelée sakura-mochi.
Le façonnage des feuilles est splendide, elles sont bien brillante mais leur couleur est un peu verdâtre, c'est un "défaut" (selon les standards d'examen) commun à nombre de cultivar au parfum très fort (je pense notamment à Inzatsu131). Aussi, on remarque la présence en quantité importante de ces tiges épaisses particulières à 7132. Selon les standards d'examen cela serait un défaut, thé mal trié, mal les tiges constituent un apport en douceur, venant équilibrer le goût des feuilles peut être un peu trop tanniques (encore une constante des cultivars à parfum, Kôshun ou Inzatsu encore, qui vient peut être de leur ascendance étrangère ?).
Trêve de bavardage, ce parfum n'est que trop alléchant.
Cette fois ci, voilà un sencha à infuser doucement, avec une bonne dose de feuilles, 5g voir même un peu plus, pour 70ml, 60°C, 1min30s.
Un peu florale, un peu végétale, et très pâtissière avec cette dominante de feuille de cerisier. Ce parfum est unique, propre à ce cultivar, cela peut être déstabilisant, passé l'étonnement, c'est simplement divin.
La dominante très jaune de la liqueur n'a rien d'étonnant pour ce type de cultivar, mais elle est d'une grande pureté.
En bouche, c'est l'impression de boire une senteur qui envahie ensuite la gorge et le nez. Ça coule tout seul. Mais si l'on se concentre un peu plus sur les saveurs de cette liqueur, on trouve quelque chose d'en effet très pâtissier, quelque chose qui rappelle la frangipane, mais en même temps ce thé est stimulant, pas astringent, pas à cette température, mais pas de douceâtreté mièvre. La douceur vient après, dans l'aftertaste, c'est cette touche sucrée des sencha qui vient accompagner dans la longueur la feuille cerisier.
En montant progressivement la température, les infusions s'enchainent dans une grande stabilité, l'astringence augmente petit à petit, mais les grandes lignes aromatiques restent les mêmes, comme ci ce thé ne cherchait qu'à nous en mettre plein le nez de ses senteurs extravagantes.
J'ai eu néanmoins l'impression de voir les notes "vertes" du parfum se faire de plus plus discrètes au file des infusions pour laisser la part belles aux senteurs de feuilles de cerisier et, dans une moindre mesure, à celles de pâtisserie.
Aussi, pour les infusions plus chaudes, il faut noté que le parfum apparaît bien plus nettement après que la liqueur ait refroidie un peu .
Ce thé fait honneur au caractère de son cultivar, il fait honneur au producteur qui signe un superbe sencha de montagne malgré toute la difficulté à maîtriser ce cultivar, et enfin il fait aussi honneur à celui qui a la charge de sa finition, sachant conserver son parfum et faisant le choix parfait quant au non triage des tiges.