Alors quel beau conte que ta vie, trop courte cependant, petite Mary, Mary Weed-Pickens, mon amie!
Nous n'avons pas fréquenté le banc de la Péniche, rue St Guillaume, la même année, mais qu'importe, lorsque nous nous sommes trouvées, nous n'avons pas perdu une seconde de cette amitié complice. Messages tôt le matin et tard le soir, coups de fil, et puis bien sûr, la pièce de théâtre, les Amazones du crabe, écrite en pleine chimiothérapie, lorsque de ton lit d'hôpital tu trouvais la force de crier ton indignation contre ta leucémie, et que tu mettais en scène des femmes de cultures différentes pour montrer comment chacun réagit à cet état de choc, lorsqu'on apprend du jour au lendemain que l'avenir est incertain.
(Petit aparté: en tombant malade, on réalise soudain que l'on est mortel - mais nous le sommes tous, à tout instant, jeunes comme vieux... Alors, sans être morbide, soyons-en conscients dans notre existence journalière, et relisons La vie heureuse de Sénèque, encore lui! )
Mais ce n'est pas seulement pour cette belle aventure humaine que je parle de toi, ici, c'est pour tout le reste.
J'admirais en toi cette vision "rafraîchissante" que tu avais de la vie. Tu aimais les gens pour ce qu'ils étaient et non pas pour ce qu'ils représentaient. Tu t'adressais à l'être humain, à ce qui nous relie tous, à notre dénominateur commun, sans t'arrêter aux étiquettes, aux apparences. Et puis surtout, tu t'affranchissais des barrières qui encerclent et engoncent bien des vies, comme un manteau trop étriqué. Ton leitmotiv aurait pu être " Et pourquoi pas?", et c'est en cela que nous nous rejoignions aussi. Tout essayer, tout tenter, sans crainte de l'échec, pour continuer d'avancer, pour progresser. Une chose ne marchait pas? Qu'à cela ne tienne, il devait bien y avoir un autre moyen. N'avais-tu pas intitulé ton site web "life can work"?
Tu étais déterminée, combative, tu essayais de cerner et de développer le meilleur chez autrui: tu étais une inspiration, un exemple, une belle âme qui enrichissait tous ceux qui avaient la chance de te rencontrer et qui n'allaient plus t'oublier.
Tu me manques souvent. Et je sais que je ne suis pas la seule...