Roman - 220 pages
Editions Ombres Noires - octobre 2012
A la suite du décès de Ramiro Hernandez Montes, retrouvé criblé de balles dans le coffre d'une voiture, quatre flics sont chargés de l'enquête, et se retrouvent également confronté à une complexité supplémentaire : la victime était le frère du candidat au poste de gouverneur de l'état de Colima, Mexique. Alors, tentatives de corruption et d'étouffement de l'affaire se feront sentir, surtout lorsque l'enquête sur la victime démontre que cette dernière fréquentait le milieu homosexuel, mais aussi pédophile. Ailleurs dans la ville, un gamin, appelé le Japonais, vivant auprès de sa mère toxicomane et de sa soeur handicapée, est initié au sexe et à la drogue par un jeune adulte habituée des villas mondaines et des riches avides de transgressions...41, c'est sans concession sur les démons de la société contemporaine mexicaine : drogue, corruption, crime, pédophilie. 41 c'est le numéro du calibre de la balle assassine. 41 c'est aussi un chiffre en relation avec un fait divers connu au Mexique : en 1901, la police fit irruption au sein d'une soirée réunissant homosexuels et travestis ; sur les 42 hommes, 41 furent condamnés, le 42e n'étant autre que le gendre du président mexicain Porfirio Diaz... La corruption de la police et des politiques ne date pas d'hier, semble rappeler le titre du roman. Et malheureusement, elle ne disparaîtra vraisemblablement pas demain comme le laisse entendre l'auteur, - ex fonctionnaire fédéral ayant fuit le Mexique suite à des menaces de mort, - qui fait la part belle à des personnages très jeunes et déjà confrontés à l'enfer (dès les premiers mots du roman).
Extrait :
"L'enfant qui va à l'école s'arrête un instant devant le coffre d'une Chevrolet rouge. Il l'ausculte. Puis il fait demi-tour et traverse la rue pavée. Il frappe trois fois au portail des Baltazar avec une pièce de monnaie. Une vieille femme sort de la maison, des bigoudis dans les cheveux. Elle a un couteau de cuisine à la main. Un couteau enduit d'oignon et de tomate, comme si elle venait de préparer des oeufs à la mexicaine à son mari. La veille demande :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Il y a des taches de sang sur le coffre de cette voiture, dit l'enfant en montrant le véhicule du doigt."
Sur la forme, le roman est découpé en chapitres qui jouent sur différentes époques, et qui sont alternés par des rapports de police, au style très formaté et aux informations cruciales. L'écriture est rythmée, les dialogues sont nombreux, mais les échanges restent laborieux, les personnages présentant quasiment tous une faille, une lacune émotionnelle, un mal-être social, un anonymat. 41, c'est un polar bien sombre qui se déroule sous un soleil écrasant, avec des victimes qui deviennent coupables, des coupables qui finissent victimes, des engrenages malsains et des avenirs bien minces. Sans concession. Tiré d'un fait réel. ______[merci à Babélio !]
L'avis de Claude Le Nocher - Action-Suspense
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