Nous sommes en -323 av. J.-C., Alexandre le Grand se meurt. Vers lui se sont mis en route un étrange messager ainsi que Dryptéis, fille du roi Darius, veuve d'Héphaiston, ami d'Alexandre. Cette femme rejoint Babylone dans la douleur. Elle a un enfant pour lequel elle craint la reprise des combats interminables une fois la mort d'Alexandre et les inévitables rivalités pour s'approprier le corps et pour redistribuer l'immense empire. Elle s'était réfugiée dans les monts d'Arie pour y vivre loin des complots royaux, mais le destin la rattrape puisqu'on la demande au chevet d'Alexandre, mourant.Récit épique à la Homère : presque autant de sang, de têtes coupées, de combats, d'armées et de processions, de paysages grandioses, de sacrifices, de luttes intestines. L'intérêt d'un tel roman réside dans la personnification de personnages historiques désincarnés. Leurs histoires personnelles comptées ici ont fait l'Histoire.
Extrait :Alexandre le Grand, Dryptéis, Ptolémée, Héphaïston, Ericléops, Sysigambis, la Basse Egypte, la Macédoine, la Perse, le Gange, les noms légendaires nous transportent et la plume de Laurent Gaudé sublime le voyage spacio-temporel. Pour qui est ignorant de l'Antiquité comme moi, la lecture de ce roman démange sur l'envie d'en savoir plus sur ces grands noms épiques.
"Ce n'est pas moi que tu attends, mais je viens, je me rapproche. Je me suis mis en route il y a longtemps de cela. Si tu savais, Alexandre... Tu seras étonné lorsque tu me verras, bouche bée. Je ne perds pas une seconde. Tu ne le sais pas encore mais le temps nous est compté. Je veux te voir à nouveau, j'ai tant de choses à te dire, Alexandre. Lorsque tu me verras, tu chancelleras. Tu répèteras avec incrédulité : « Ericléops ?... Ericléops ?... Est-ce que c'est bien toi ? » Oui. C'est moi. Je reviens à toi. J'ai tout l'empire à traverser mais rien, désormais, ne saurait plus me fatiguer.
J'aurais apprécié aussi la présence d'une carte géographique de l'Empire, histoire de suivre avec des repères les trajectoires de Dryptéis qui rejoint Babylone, du messager qui laisse l'Inde derrière lui...
Pour seul cortège est un beau roman, évoquant au delà de l'Histoire de la mort d'Alexandre le Grand, l'emprise des luttes de pouvoir sur les peuples, ce que les puissants laissent derrière eux, les rêves ultimes des mourants et l'ultime défilé imaginaire ou non des personnes qu'ils aimèrent. Néanmoins, et par delà l'écriture pleine d'élan, le souvenir de la lecture du Soleil des Scorta restera pour moi bien plus marquant.
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