Au départ, je croyais que Jean Lemieux était un nouvel auteur de polar, d’apprendre qu’il en est à sa troisième enquête m’a incitée à le choisir. Les deux premiers romans, On finit toujours par payer" (porté à l’écran sous le titre La peur de l'eau) et "La mort du chemin des Arsène" se déroulaient aux Iles de la Madeleine, tandis que celui-ci à Québec.
Je lis peu de polar mais l’envie revient régulièrement. Comme je n’aime pas tout, je suis un peu inquiète en commençant. Une personne m’a inscrite dans un groupe passionné de « polar » sur facebook, lequel comprend 201 membres et pas un jour ne se passe sans que je sois avisée de nouvelles critiques de romans. C’est si dynamique que j’en ai conclu que les lecteurs du genre lisent en abondance. Ils peuvent jongler avec les comparatifs, eux. La nuance que je voulais apporter est que ma règle de référence est plus courte que la leur, voilà pourquoi j'ai rajouté deux liens menant à des critiques pour cet ouvrage.
Premier lien, L’homme du jeudi, est commenté sur le blogue Polar Noir et blanc où Richard a préféré la deuxième partie à la première, tandis que pour ma part, c’est l’inverse ! J’ai trouvé la première partie assez lente en effet, mais plus mystérieuse que la deuxième. Dans la première, par intérêt pour la mère, l’agent Surprenant ouvre à nouveau le dossier du décès accidentel de son fils de 12 ans, mort à vélo, disparu puis retrouvé dans la rivière 3 jours plus tard. Le chauffard, lui, n'a pas laissé de trace ... en apparence ! L'ambiance est diffuse, brumeuse, jusqu’à la motivation de l’agent de rouvrir ce dossier. J’ai aimé regarder travailler l’inspecteur, tirant sur une ficelle et sur l’autre, tout en apprenant à le connaître, lui et sa nouvelle conjointe et vie de famille. Si je compare avec ce que j’ai déjà lu, je pourrais qualifier cette première partie de polar ponctué d’un accent grave de psychologie humaine.
À partir de la deuxième partie, c'est-à-dire à partir du moment où l’on connaît pour ainsi dire le nom du responsable de l'accident, le ton et le rythme changent. Je me suis demandé si je devais croire aux indices que l’auteur donnait pour pointer le meurtrier, me disant que de le connaître, me retirerait le plaisir de jouer au détective. En fait, nous jouerons au détective, non plus pour l’identifier, mais pour trouver sa cachette et ses motifs.
Il y a une chorégraphe de rôles de victime et de bourreau, de jeu de chat et de souris, de jeu haine/amour qui pourra captiver ceux et celles qui n’ont pas la sensibilité à fleur de peau .... comme moi ! Les événements ont pris un moment une allure de film d’horreur, très peu pour moi ! On peut parler d’une nette surprise devant cet important changement de ton, passant de celui débonnaire du début, à un ton exalté et profondément perturbé. D’ailleurs, l’agent Surprenant et son calme rassurant se retire de la sellette durant ces passages. Pour amateurs de vives émotions, c’est idéal j’imagine, puisque nous brûlons sur les charbons ardents sur une longue période. Nous sommes particulièrement devant une question de goût et de dosage ici.
La deuxième critique divergeant de la mienne est sur Carnet noir, et il y est dit s’être lassé d’errer dans les quartiers de la ville de Québec, alors que moi ça a rajouté au charme.
Roman scindé en deux par le ton et la motivation (pour plaire à tous les goûts ?), personnellement, j’ai apprécié la partie où l’auteur prend le temps de fouiller les émotions humaines. La deuxième partie a heurté ma sensibilité tout en me donnant la sensation de jouer dans le sensationnalisme des émotions fortes.