Lili Castille signe son premier ouvrage, un recueil de 7 nouvelles intitulé Bar à Frissons.
Au menu de ces cocktails vertigineux ? Des histoires qui font mouche, des personnages borderline, de l'embrouille littéraire, de l'étrange, de l'humour et du sexe. En clair, on déconseille aux cœurs fragiles et on met hors de portée des enfants !
En voici deux eXtraits, à déguster sans modération...
Extraits de la nouvelle "Vin chaud" : un accrochage en voiture entre deux inconnus qui donne naissance à une histoire de sexe et d’amour survoltée.
« Puis
tout s’est enchaîné très vite. On a garé nos voitures, pris une chambre
au Concorde Lafayette et fait l’amour tout l’après-midi. Nos deux corps
se sont pressés, léchés, mélangés, excités, enrobés et montés en
chantilly. Je me délectais de sa peau, son souffle, son odeur. Je le
prenais dans ma bouche, lapais longuement son membre brûlant et le
rythme des pulsations de son artère sur ma langue finissait par se
confondre avec les battements de mon cœur. Plus nos corps se frottaient
l’un contre l’autre, plus le désir nous consumait. Deux silex
surchauffés au bord de l’étincelle. Nos cavalcades culminaient en de
fulgurants orgasmes qui nous tordaient bruyamment. Une invasion de
lucioles dans un continent obscur. »
…ils se perdent de vue puis semblent se retrouver 3 ans plus tard, à l’occasion d’un BBQ dans un pavillon de banlieue :
« C’est
toujours très drôle d’observer un homme devant son barbecue. La
voiture, la femme et le BBQ sont les trois exultations phalliques que la
société consent. Il y a une fierté du barbe-cul, une véritable
compétition vicinale de l’art de faire cuire un bœuf, certainement un
reliquat de l’homme de Neanderthal. Place donc à la guéguerre du feu.
Marc et sa tribu s’agitent en rond autour de la flamme sacrée du
pavillon de banlieue. Chacun y va de son expertise de dragon domestiqué,
de pyromane sous neuroleptiques et de son gros grain de sel, en prenant
garde de bien respecter la hiérarchie des piqueurs de saucisse et de ne
pas faire plus d’étincelle que le maître des lieux. »
Lili Castille est née à Gênes, en Italie. Elle est diplômée de Science-Po, rédactrice, consultante dans les Relations Presse, puis bloggeuse et scénariste. De MasterChefà son blog frondeur et sexy (lilicastille.fr), en passant par Twitter, elle est une figure féminine atypique de l'internet français.
Rencontre avec la pétillante, sexy et non dénuée d'humour, Lili Castille !
FTS – Ton recueil de
nouvelles s’appelle Bar à Frissons. On imagine différentes formes de
frissons. Quels sont les frissonnements que le lecteur pourrait ressentir ou
que tu aimerais qu'il ressente ?
Lili Castille : Frissons, ça fait
d’abord référence au thriller. Bar à Frissons n’est pas un recueil de
nouvelles policières mais davantage un concentré de mini-suspens et une tension
narrative à couper au couteau que le format court de la nouvelle sert particulièrement
bien. Frisson de surprise, d’étrangeté, d’horreur et frisson de plaisir,
j’espère. Le dernier grand frisson est celui de l’excitation et du plaisir
érotique. Le sexe est un ingrédient fort de presque toutes les nouvelles du
recueil. Avec certains passages assez développés et franchement crus. Mais le
sexe est présent comme un moment de la vie, au même titre que les repas. La
plupart des récits comportent aussi des scènes de repas. Je me demande si
certains libraires ne feraient pas mieux de déménager Bar à Frissons du rayon érotique à
celui de la gastronomie… Bref, tout ça pour dire que j’aurais pu intituler
mon recueil « Histoires qui filent la chair de poule » mais ça aurait
fait un peu dinde, non ?
FTS – As tu une préférence pour un des
tes personnages ?
Lili Castille : J’aime tous les personnages de Bar à
Frissons en ce qu’ils ont de très commun et de totalement barré en
même
temps. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler sur le moment de rupture,
celui où
tout bascule ou pas, où Madame Michu ne va pas acheter sa baguette comme
tous
les soirs à 18h34 et disparaît sans laisser de trace ou, au contraire,
elle y
va et rentre chez elle. J’aime aussi étudier la dualité des personnages,
leurs fêlures et les hiatus dans la communication entre les
individus. Alors, de ce point de vue, j’ai un faible pour la
protagoniste de Calypso, la dernière nouvelle qui est
aussi la plus longue et qui présente une même scène de deux points de vue
successifs, celui d’un homme puis d’une femme.
FTS – On dit que le
chiffre 7porte chance, que c'est un chiffre sacré / magique. Est ce un hasard qu’il y ait 7 nouvelles dans Bar à Frissons ou est-ce voulu
?
Lili Castille : Aucune superstition ou
bondieuserie là-dedans. Mais je m’inventerais bien un hommage aux sept cordes
de la lyre.
FTS – Où trouves tu ton
inspiration ? As-tu des rituels d’écriture ?
Lili Castille : J’écris très tôt le
matin. Parfaitement à jeun. Ce qui m’agace profondément.
FTS – As-tu un
nouveau livre en préparation ? Tu nous en parle un
peu ?
Lili Castille : J’ai pris le taureau
par les cornes : j’écris un roman. Je travaille parallèlement sur le
scénario d’un long métrage : un thriller intergénérationnel baigné
d’étrange. Ce sont deux écritures très différentes et j’adore ça.
FTS – Je crois savoir
que tu es une inconditionnelle des talons et plus particulièrement de la
célèbre marque à la semelle rouge. La couverture de ton livre avec une rayure rouge est elle un clin
d’œil au chausseur Louboutin ? Pourquoi les rayures ?
Lili Castille : T’es trop forte ! En
plus de la couleur de la semelle de l’objet du désir qui ingurgite la moitié de
mes revenus, le rouge symbolise aussi le sang, le sexe, l’interdit, la passion
et l’extrême, éléments que l’on retrouve en filigrane tout au long du recueil. Le
noir et blanc est lui davantage une référence au clair obscur, l’ombre et la
lumière, ce que l’on perçoit et ce qui reste caché. Les rayures ont aussi une
dimension hypnotique et puis elles sont un peu la marque de fabrique de mon
identité numérique.
Bar à Frissons est en vente dans toutes les librairies et à la FNAC au prix de 13 euros.