Remise du Goncourt 2012.
Source : Europe1.fr
Cette question était à la base de l'émission "Médias le Magazine" du dimanche 11 novembre 2012 sur France 5, que vous pouvez revoir pour quelques jours encore en cliquant ici.
Toutefois, un autre sujet fut également abordé : celui de l'émergence depuis ces dernières années de la blogosphère dans le monde fermé de la littérature. Auparavant monde exclusivement réservé aux auteurs, éditeurs et journalistes/critiques autoproclamés (souvent eux-aussi cumulant les emplois), les voici aujourd'hui confrontés à l'arrivée massive de blogueurs plus ou moins anonymes, osant donner leur opinion sur leurs dernières lectures et le faire savoir au monde entier sur la toile. Jusque là, aucun problème, mais lorsque ceux-ci trouvent un lectorat fidèle, cela peut en énerver plus d'un.
Ainsi, interrogés sur la question, François Busnel, présentateur de La Grande Librairie, émission littéraire très appréciée et dont l'influence sur les ventes de nouveaux romans n'est plus à démontrer, et Nelly Kaprièlian, critique littéraire et journaliste aux Inrockuptibles, ne semblent pas voir d'un très bon oeil ces "amateurs livresques".
Selon ces derniers, les blogueurs littéraires ne sont pas de véritables critiques, leur avis ne devrait pas être pris en compte et n'influe pas réellement sur l'achat des ouvrages en librairie.
Sur ce point, je ne pense pas que les blogueurs "livresques" aient la prétention de jouer dans la même catégorie que les critiques littéraires travaillant pour un journal, une radio ou une émission télévisée. Même si ces derniers sont souvent issus d'une formation universitaire littéraire (étant rarement détenteurs de réels diplômes de journalistes "littéraires", au contraire de leurs homologues anglo-saxons), les blogueurs sont avant tout des amateurs, ne générant que très rarement de véritables revenus de leurs articles. Le but premier d'un blogueur littéraire est de partager son amour pour les livres, quel(s) que soi(en)t le ou les genres sur le(s)quel(s) il se positionne. Sa première rémunération est l'interaction avec ses lecteurs, et la satisfaction d'avoir pu partager avec eux de véritables coups de coeur lors de ses dernières découvertes littéraires. Lorsque le blogueur apprend que l'un de ses articles à contribué à ce qu'un de ses lecteurs découvre et apprécie un nouveau livre, c'est un véritable enchantement. Ce genre de témoignages m'est déjà parvenu, et je parle donc d'expérience : rien ne vaut ce sentiment de satisfaction du travail bien fait, que quelqu'un d'autre ait pu également apprécier cet incroyable roman probablement sous-représenté dans les médias classiques.
Car c'est également cela dont il est question. Les blogs ne se positionnent pas en concurrence des émissions littéraires. Ils sont un complément aux médias traditionnels, et permettent à de nouveaux auteurs n'ayant probablement pas autant de moyens que les grands vendeurs, de s'offrir une visibilité et de toucher de potentiels lecteurs qui n'auraient jamais entendu parler de leur oeuvre dans le cas contraire. Avec près de 700 ouvrages sortis lors de la rentrée littéraire de 2012, les journaux, radios et émissions télévisées ne peuvent pas tout couvrir. Quant au fait que les blogueurs ne contribuent pas à la découverte et à l'achat de nouveaux romans en librairie, notre influence n'est certainement pas à la mesure des grands médias dont la portée est nettement plus grande. Mais de là à affirmer que notre influence est nulle, je n'aurais qu'une question à l'attention de ces porteurs de jugement un peu hâtif : Si les blogueurs n'ont aucune portée et aucune influence sur la vente d'ouvrages, pourquoi les maisons d'édition nous sollicitent-elles lors de leurs nouvelles sorties, conférences de presse d'auteurs, et pourquoi recevons-nous également des accréditations pour de grands salons littéraires ? A méditer.
Si l'argument principal retenu à l'encontre de la blogosphère était que celle-ci se composait de lecteurs aigris déversant des coulées de venin sur le dernier auteur encensé par la critique (professionnelle), dans le seul et unique but de le dénigrer gratuitement sans raison réellement fondée, je tiens à rappeler à ces mêmes critiques "professionnels" que le monde journalistique est également composé de bon comme de mauvais. Combien de journalistes ou présentateurs se sont faits remarquer sur le web pour leurs prises de position controversées dans certaines émissions, leurs dérapages, ou leur comportement parfois discutable lors de représentations ou soirées de gala ? Cela n'empêche en rien le grand public d'accorder du crédit au journalisme sans pour autant généraliser ces quelques faux pas à l'ensemble de la profession. Il faut de tout pour faire un monde, et internet est par définition ouvert à tous, c'est un fait. Malgré tout, si certains se permettent de tels propos acerbes et sans fondement, la liberté d'expression ne pourra jamais les faire cesser, seuls leurs lecteurs se lasseront peut-être un jour de leur haine viscérale. Car je me force à croire que le blogueur littéraire est initialement motivé par l'amour des livres, et ne peut donc passer son temps à répandre la haine et la mauvaise humeur sur un blog où il pourrait consacrer l'essentiel de ses articles à dénicher de petites perles sous-évaluées... sans pour autant tomber dans le petit monde des Bisounours, où tous les romans seraient par défaut des chefs d'oeuvre.
Je n'ai jusqu'à ce jour jamais lu de blog aussi virulent. Quel est votre point de vue sur la question ? Dans tous les cas, j'espère une fois de plus que mes petites critiques sans prétention vous ont permis de découvrir de beaux romans et continueront à vous inspirer dans votre aventure littéraire. Bonne lecture à toutes et à tous, où que vous soyez !