Hasard ou coïncidence des programmations artistiques récentes, je viens de visiter en quelques semaines les expositions consacrées à Soutine à l'Orangerie et à Rebeyrolle à Chambord, ce qui m’a amené à réfléchir à la filiation des artistes : curieusement, dans ce domaine de la parentalité artistique, ce sont plutôt les enfants qui tendent à reconnaître, parfois, leurs géniteurs. Rembrandt, Chardin, Soutine, Bacon, Rebeyrolle : une généalogie évidente, et reconnue, voire revendiquée par les artistes eux-mêmes.
Dernier hasard en date, je découvre il y a peu plusieurs Otages de Fautrier, exposés au Musée d'art moderne de la ville de Paris dans le cadre de la passionnante, copieuse et souvent poignante exposition “l'art en guerre”. Ce peintre fait partie de cette même lignée citée plus haut dont Barceló, (dont j'aimerais qu'une autre coïncidence me permette de revoir bientôt les œuvres), est un des descendants directs. (Quelle émotion alors de relire au retour le texte Note sur les otages de Fautrier de Ponge.)
Il est tentant et utile parfois d’approcher l’histoire de l’art par l’angle de la parenté artistique. Reste à déterminer ce qui est influence, transmission, emprunt-mais-ça-reste-dans-la-famille, etc.
Je me souviens (les méandres de l’esprit) d'une conversation ancienne avec un artiste notoire à qui je demandais innocemment s'il avait rencontré Clavé, frappé que j’étais par la ressemblance de certaines œuvres des années soixante de l’un avec certaines des années quatre-vingt-dix de l’autre. M'a assuré que non, balayant rapidement le sujet. Je n’en ai jamais pensé moins.
Certains artistes revendiquent l’orphelinage, ou n’affichent aucune reconnaissance envers leurs parents d’art. En revanche, ils savent profiter pleinement de l’héritage.