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L’été fut long, l’été fut riche en émotions,... Mais l’été est déjà terminé depuis longtemps et je me décide (enfin) à réécrire quelque chose. Donc bon, sans transition, pour se remettre tranquillement dans le bain, on va traiter d’un sujet qui passionne les télévisions du monde entier depuis quelques temps. J’ai nommé le bien grand, le bien beau pays d’outre-Atlantique qui a déjà de choisir en ce jour de grâce du 23 novembre 2012 son 45ème président. Or ce soir, au lieu de parler de la joute armée qui opposa Barack Obama et Mitt Romney, braquant les yeux des médias the United States of America, on va juste se servir du modèle politique américain comme toile du fond d’une question existentielle que je me suis posée ce soir (voir quelques jours auparavant pour ce qui me connaisse dans the real life)... :
« Comment ça fonctionne, exactement, les Etats-Unis ? »
Et bien les enfants, les Etats-Unis, c’est avant tout une histoire de gouvernance et donc de possession du pouvoir. Toute la question sera de comprendre qui détient réellement le pouvoir dans la 1ère puissance économique mondiale ? A présent, c’est là que ça va se compliquer, puisque pour les novices du droit constitutionnel, le système politique local ressemble à peu près à ceci :
La Constitution américaine de 1787 invente la forme de l’Etat fédéral, soit un compromis entre l’ordre juridique qui demeure, bien qu’amoindri, des Etats membres et celui, supérieur, de l’Etat fédéral. Le régime politique des Etats-Unis d’Amérique constitue alors dans ce cadre le modèle type du régime présidentiel axé sur la théorie de Montesquieu de séparation des pouvoirs : exécutif et législatif y sont indépendants quant à l’origine de leurs mandats respectifs et ne peuvent y mettre fin mutuellement. Il en résulte alors que les deux pouvoirs sont tenus de cohabiter pendant la durée de leurs mandats respectifs même si leurs visions politiques sont totalement opposées, chacun des organes détenant la faculté de statuer : le président dispose de l’intégralité du pouvoir exécutif dans sa faculté de faire appliquer la Loi sur le territoire ; et le Congrès détient l’intégralité du pouvoir législatif (si vous êtes arrivés là, vous avez déjà un peu de ma reconnaissance). Ceci explique donc que le régime présidentiel reste une exception américaine ; la France – ou aucun autre pays d’ailleurs - n’ayant pas vraiment eu de véritable expérience du système présidentiel, si ce n’est une vague augmentation des prérogatives du commander in chief of ze France sous les administrations Chirac, puis Sarkozy. C’est par conséquent à tort que l’on voudrait voir dans le régime français actuel un régime présidentiel, voir présidentialiste, dans la mesure où le partage du pouvoir exécutif ne peut se faire qu’entre le président et un gouvernement responsable devant le parlement, de même que l’existence d’un pouvoir de dissolution du parlement fait pencher la balance en faveur d’un système parlementaire.Or le président reste la clé de voute des institutions américaines selon l’article 2 de la Constitution (« le président veillera à l’exécution fidèle des lois ») et la réalité montre bien que la séparation des pouvoirs aux Etats-Unis n’est pas aussi stricte qu’elle le veut. Premièrement, on ne doit pas oublier que c'est la Constitution elle-même qui reconnaît au président un certain pouvoir législatif – en plus de ces autres attributions – en ce qui concerne son droit de veto (article I de la Constitution) et ses signing statements (en français : déclaration de signature). De même, sa légitimité est extrêmement forte au niveau fédéral dans la mesure où il est le seul représentant élu au niveau national.En effet, même si le président ne dispose pourtant que d’un droit de veto conditionné par l’acceptation du Congrès, celui-ci dispose d’une très grande importance dans la vie politique et on le reconnaît aujourd’hui comme une sorte de troisième branche du pouvoir législatif dans la mesure où il permet au président d’appliquer son programme législatif même s’il ne dispose pas d’une majorité politique au Congrès. En ce qui concerne les signing statements, le chef de l’exécutif dispose depuis la présidence de James Monroe en 1817 du pouvoir d’ajouter des commentaires aux lois lors de leur signature et leur mise en application. Ces commentaires visant à joindre à la loi les règles d’interprétation que le président souhaite voir appliquer par l’exécutif et les agences chargées de faire respecter ces lois ont alors été très largement utilisée pendant la présidence impériale de George W. Bush, qui aurait utilisé cette pratique en véritable activité industrielle afin de contrôler au maximum le pouvoir Enfin, le rôle présidentiel aura essentiellement changé de sens après la présidence de Franklin D. Roosevelt, qui aura instauré une élection présidentielle primaire, pendant laquelle les candidats ne sont plus élus par les membres du Congrès, mais directement par le peuple (ou au moins par les membres du parti d'un candidat). Cette mesure passe de fait pour une démarche significative vers la présidentialisation, la démocratisation et surtout la personnalisation du pouvoir présidentiel américain dans l'identification du peuple avec le président, et donc avec « l'esprit des États-Unis ».
Et oui, parce que si tu as bien tout suivi jusqu’à présent, internaute mon poulet, les Etats-Unis c’est également une histoire de point de vue, point de vue que toi, moi, le voisin, Laurent Fabius, Kim Jong-eun,... bref celui que everybody must have envers les Etats-Unis, et qui conditionne largement leur action : Comme vu précédemment, si les Etats-Unis sont gouvernés en interne par leur propre tradition constitutionnelle et politique, leur administration se trouve également confrontée à l’influence majeure de leur politique étrangère vis-à-vis du modèle qu’elle est censée inspirer. En effet, l’expérience des deux Guerres Mondiales et la chute du bloc soviétique dans les années 90 ont vu triompher leur modèle de démocratie libérale occidentale, de même que le pays s’est vu couronné du titre de seule véritable superpuissance politique et militaire dans la saga de l’humanité, concentrant du coup les deux notions introduites par Joseph Nye, à savoir le Hard Power le Soft Power. Ainsi va s’imposer une idée dans la manière dont un président doit exercer sa fonction, selon laquelle dialectique de puissance et de rayonnement international, et stabilité politique interne sont essentiellement liés car toute variation de la puissance pourrait entrainer des conséquences plus ou moins grave sur les relations internationales des Etats-Unis. Effectivement, la politique étrangère relativement agressive de George W. Bush, notamment en raison de la gestion du conflit avec l’Irak de 2003, où le renversement de Saddam Hussein et la pacification forcée du pays avaient considérablement affaibli le pays en transformant une victoire militaire rapide en défaite politique. Dès lors, l’isolationnisme et la neutralité qui avaient caractérisé les Etats-Unis jusqu’à la deuxième moitié du XXème siècle se sont trouvés aux antipodes de la nouvelle politique étrangère du pays, ceci remarquablement illustré par les présidences successives des deux Bush et de Bill Clinton. Ce constat s’argumente alors par le fait que le pays est plus que jamais le plus puissant de tous dans tous les domaines, tangibles (ressources de base, capacité militaire, sciences, technologies,...) ou intangibles (stabilité des institutions politique, cohésion nationale, poids dans les organisations internationales,...), et tient à le rester, dans son propre intérêt. Par conséquent, dans une logique de continuité de projection de sa propre puissance, le pays va se positionner dans un interventionnisme tout azimut (crise libyenne, nucléaire iranien et nord-coréen, relations entre l’OTAN et la Russie, puis la Chine,...) tout en cherchant à s’affranchir des contraintes liées à l’existence des Nations Unies, et plus particulièrement de son Conseil de Sécurité.
Voilà, en conclusion je pense qu’on peut sans nul doute imaginer que les Etats-Unis sont une machine bien huilée et autoalimentés par leur propre recherche de puissance, ce qui risque de nous réserver quelques belles surprises... Sans trop de pessimisme, à la prochaine pour de nouvelles envolées lyriques de ma personne et toi, devant ton écran, qui lit cette phrase et bien tu as gagné ma reconnaissance éternelle pour ton attention !