Je suis venu pour expier ma faute. C'est drôle, avec le temps, on se raccroche davantage à son moment présent. Au petit mètre carré de sol qui nous soutient. On divague moins. On est moins perdu dans les volutes de l'espace. Moins tourmenté par la rumination du passé. Certes, j'ai envie de beaucoup de choses, mais je peux aussi m'en passer. Le secret réside dans la maîtrise de soi. Dans le fait de savoir se contenter de tout et de rien, des grands cadeaux que nous fait la vie comme des moments difficiles qui jalonnent notre parcours. Pourtant, en la période critique actuelle, il nous faut être forts. Il nous faut résister à la machine à broyer les bonnes volontés. Il nous faut combattre la barbarie et la laideur. Nous sommes des êtres humains. Avec une tête pensante et parlante. On veut nous écraser, on veut nous mépriser, nous lutterons aussi longtemps que nous le pourrons. Nous resterons dignes. Malgré les humiliations, malgré la souffrance, malgré la peur. Nous vous regarderons droit dans les yeux. Et vous saurez que, même en nous anéantissant, vous n'aurez pas gagné.
Ah, elle est belle l'humanité. Des siècles ponctués de crimes abominables et d'injustices irréparables. Nous avions pensé que c'en était fini. Que nous pouvions désormais couler des jours tranquilles en sirotant un jus sous un cocotier. Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée pour nos beaux yeux. Nous continuons d'être pris au piège des systèmes qui matraquent l'individu, des idéologies qui avilissent l'homme, de nos émotions et instincts les plus basiques. Nous voulons du pain et des jeux! Donnez-nous cela, et nous nous sentirons comblés. Nous, le peuple. Nous nourrirons l'audimat et la consommation. Nous chanterons quand on nous dira de chanter. Nous rirons quand on nous dira de rire. Nous mourrons quand on nous dira de mourir.
Vous le savez aussi bien que moi : les affrontements à venir nous feront passer un mauvais quart d'heure. L'épreuve sera rude. Chacun devra révéler la vraie nature de son coeur, le profil non retouché réfléchi par le miroir de l'âme.
Mais trêve de bavardage, passons à l'action!
Vous me prenez au dépourvu, vous me proposez de devenir président de la République. Je ne pense pas que je pourrais gouverner convenablement. Je ne suis pas fait pour tenir les rênes du pouvoir...