En versant un torrent de larmes sur ces pauvres militants UMP scandalisés, humiliés, trompés, les médias sont une fois de plus à côté de la plaque. Exactement comme en 2008 quand ils faisaient passer en boucle des images de militants socialistes supposés être consternés par le choc Aubry-Royal.
La vérité est qu’à part une minorité d’idéalistes souvent âgés, il n’y a pratiquement plus de militants, au sens classique du terme, dans les partis de gouvernement.
Avec la décentralisation et la multiplication des postes électifs à pourvoir, le mouvement initié par l’affadissement des idéologies s’est accéléré. Désormais, dans ces partis, on ne trouve plus que des élus et ceux qui aspirent à les remplacer. Dans leur sillage, une cohorte de supporters et de clients comme, par exemple, les employés de la collectivité dirigée par l’élu ou les responsables d’associations touchant une subvention de ce même élu.
Prenez les dernières élections internes de l’UMP ou du PS, retranchez des votants ceux qui appartiennent aux catégories que je viens d’énumérer, et vous vous retrouvez avec des effectifs squelettiques.
Mais, d’une certaine façon, s’il n’y a plus de militants, ce n’est pas grave car on ne milite plus dans ces partis : on n’affiche plus, on ne tracte presque plus, on débat du bout des lèvres entre les périodes électorales, c’est-à-dire presque jamais. Même la cotisation n’est plus essentielle depuis la mise en place du système de financement public des partis politiques.
Du coup, les véritables dépositaires de la ligne politique du Parti ne sont plus ses militants mais ses électeurs. D’où la pertinence des primaires ouvertes à la place des consultations dites militantes organisées par l’appareil. Cela constitue incontestablement une américanisation de la vie politique, mais avons-nous vraiment le choix ?