FEV : Vous vous êtes mise dans la peau de Charles Balanda, le héros de La Consolante, votre vision sur les hommes a-t-elle changé ?
A. G. : Tout d’abord, je veux dire que je ne me suis inspirée de personne. Car ce qui m’amuse, c’est d’inventer. Ce n’est pas la première fois que je me mets dans la peau d’un homme. « Je l’aimais », mon premier ouvrage m’avait déjà appris beaucoup de choses sur ce sexe dit « fort ». Mais bon, je les garde pour moi, ces trouvailles !
FEV : Pensez-vous que le passé nous rattrape toujours, ou est-ce juste de la nostalgie ?
A. G. : Il y a des gens qui sont ouverts à leur passé et d’autres qui le barricadent. Chacun ses défenses, chacun sa sensibilité. En l’occurrence, mon personnage croyait qu’il l’avait bien verrouillé mais son passé lui saute à la figure, et la déflagration est énorme.
FEV : À un moment, vous faites dire à Kate, l’un de vos personnages : « Il ne faut pas croire à la bonté des gens généreux. En réalité, ce sont les plus égoïstes. » Le pensez-vous ?
A. G. : C’est bien vu. À méditer… On ne fait rien par hasard dans la vie. Peut-être que mère Teresa ne pensait qu’à son salut. Comment savoir ? Mais quand même, les gens généreux sont vraiment plus intéressants que les autres. Tenir la porte du métro dans les courants d’air en attendant l’usager suivant, c’est moins éclatant que de passer sa vie dans une léproserie, mais j’ai la faiblesse de penser que c’est presque la même chose.
FEV : Vos lecteurs vous aiment et vous sont très fidèles. Quel est le secret de votre formidable succès ?
A. G. : De ne pas avoir de secret. Ni truc ni recette ni envie ni besoin de succès. Je rêve à des personnages, je les regarde vivre et je raconte ce que je vois. Que des gens qui n’aiment pas lire habituellement se plongent dans mes livres sans la moindre réticence est ma plus belle récompense. Mais je travaille beaucoup pour cela. Plus un livre est facile à lire, plus il a été difficile à écrire. Je travaille comme un chien pour que l’on puisse se dire « Oh, eh ben, elle s’est pas foulée…» La Consolante fait 640 pages et je peux les réciter par coeur.
FEV. : Quels sont les livres et les lectures qui vous font du bien ?
A. G. : Les nouvelles de Maupassant, parce qu’elles sont une sorte de référence. C’est toujours simple, efficace, intelligent, parfait. Sinon, toutes les lectures me font du bien, depuis les tracts publicitaires jusqu’aux Caractères de La Bruyère. Tout m’intéresse et tout fait farine dans mon moulin.
Lorsque Charles Balanda, 47 ans, apprend la mort de la mère de l’un de ses amis, il perd pied. Tout remonte alors à la surface : son enfance remplie de souvenirs avec Alexis et, surtout, Anouk, cette femme qui l’a tant marqué. Ce deuil lui donne le vertige. Charles vacille et tombe… Pour mieux se relever. Un bijou de lecture.
La Consolante, d’Anna Gavalda, éd. La Dilettante, 24,50 €.
Par Noëlle Aziz
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