IDLQ n°18 : Le mariage gay fait débat

Auriane, 19 ans, et Julia, 17 ans, s’embrassent devant des manifestants qui s’opposent au mariage homosexuel le 23 octobre 2012 à Marseille © Gérard Julien / AFP

Où en est le mariage gay en France ?

En juin 2004, un mariage entre deux hommes est célébré par le maire de Bègles, Noël Mamère, puis annulé par la Justice malgré plusieurs recours. En 2011, l’avis du Conseil constitutionnel est sollicité sur la question. Son verdict est clair : l’interdiction du mariage homosexuel ne va pas à l’encontre de l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui dit que la loi « doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». Il appartient donc seulement au Parlement de changer le code civil s’il le souhaite. (texte intégral de l’avis ici)

En Europe, six pays ont déjà légiféré en ce sens ; les Pays-Bas ont été les premiers en 2001. En 2012, le candidat François Hollande fait du droit au mariage pour tous une des promesses phares de sa campagne. Quelques mois après son élection, le 7 novembre dernier, un projet de loi a ainsi été présenté en Conseil des ministres : il ne modifie en rien le régime du mariage, mais autorise sa célébration entre deux personnes du même sexe ainsi que le droit à l’adoption. Le projet doit être débattu à l’Assemblée nationale en janvier prochain.

Panorama des opinions

Cette image, renommée « Le baiser de Marseille », a fait le tour de l’Hexagone. Elle représente assez bien le débat qui divise l’opinion française au sujet du mariage gay : d’un côté, une France plus « vieux jeu » et traditionnelle, qui exhibe le symbole de la famille pour défendre ses vues : c’est de l’amour d’un homme et d’une femme qu’un enfant vient au monde et, par conséquent, doit être élevé — or la mariage est l’institution familiale par excellence ; de l’autre côté, une France plus « jeune » et progressiste, qui voit dans le couple homosexuel une manifestation d’amour comme les autres et trouve donc tout naturel qu’un droit accordé à un couple hétérosexuel soit également accordé dans les mêmes conditions à un couple homosexuel.

Mais les idées des opposants au mariage gay sont plus complexes à appréhender qu’il n’y paraît : ils ne sont pas forcément de fervents homophobes ou d’intolérants-catholiques — bien que parfois si —, et leurs arguments sont plutôt contrastés et inégaux.

La question de l’enfant

De manière générale, c’est la question du bien-être de l’enfant qui est principalement invoquée. C’est en tout cas celle qui apparaît comme la plus légitime à poser si on lie la question du mariage et de l’adoption gay avec celle de la famille.

Une étude menée par un sociologue de l’université du Texas, Mark Regnerus, a été publiée en juillet dernier dans la revue Social Science Research : « How different are the adult children of parents who have same-sex relationships? » En français : « Quelle différence cela fait-il pour un adulte d’avoir au moins un parent engagé dans une relation homosexuelle ? » (l’étude complète en anglais)

Les conclusions tendent notamment à montrer que les enfants élevés par un couple homosexuel ont plus de chance d’être en échec scolaire et instables dans leur vie d’adultes. Evidemment, les réactions ne se sont pas faites attendre, bien que l’auteur lui-même soit conscient des limites de son étude. (voir cet article traduit en français) En effet, la question à poser ne serait-elle pas plutôt celle de la stabilité familiale ?

Question centrale du débat sur la mariage gay ou pas, l’Institut national d’études démographiques estime qu’en France aujourd’hui entre 24 000 et 40 000 enfants vivent avec des parents du même sexe.

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