Parmi les séries préférées des deux candidats on trouve Modern Family. Ce qui n’a rien de vraiment étonnant quand on sait que la série de Chris Lloyd réunit chaque semaine près de 13 millions de téléspectateurs. Mais c’est un choix audacieux pour un mormon républicain quand on sait que les héros de la série sont notamment un couple gay qui a adopté un enfant et une famille mixte recomposée. En admettant apprécier ce show en famille, Mitt Romney n’a pas dû se faire que des amis chez ses conseillers en communication, car bien qu’extrêmement populaire la série prône des valeurs aux antipodes de celles de son clan politique.
L’heureux locataire du 1600 Pennsylvania avenue est classe, sympa et hype. Donc il n’aime que des séries hyper cools. En matière de télé, le hipster de Chicago est à la limite du sans faute. C’est presque trop. Et si il y a quatre ans, il nous disait que The Wire était « the best show ever made » (cf.The Wire, un chef d’oeuvre ?), il a depuis revu sa copie et préféré des séries bien plus populaires pour casser l’image élitiste qui lui colle à la peau. Prêt à tout pour « faire peuple » il a été jusqu’à décaler le discours sur l’état de l’Union[1] pour ne pas priver les téléspectateurs de la diffusion du premier épisode de la dernière saison de Lost. J’ai entendu démago là-bas au fond !
Homeland, Boardwalk Empire, comme dirait Jean-Marc Généreux, on achète. Mais politiquement ces séries sont très consensuelles. Si le choix de Homeland, la it-série du moment a été critiqué au niveau international car elle donnerait une image négative du monde musulman. Elle raconte le difficile retour au pays des soldats ayant combattu en Irak et en Afghanistan. Des guerres menées par les républicains auxquelles Barack lui-même a mis un terme. C’est bon l’auto-kiffe parfois. Quant à la série de Martin Scorcese, elle est comme toutes ces séries élevées au rang d’art, qui flirtent avec le cinéma. Impossible à critiquer et à ne pas aimer, sans être considéré comme le dernier des ringards et ne pas s’y connaître en matière de télévision.
Non, Big Love[2] n’est pas la série préférée de Mitt Romney. Sans grosse surprise, il aime Justified l’histoire d’un marshall à la gâchette sensible qui fait régner la loi « à l’ancienne » au fin fond du Kentucky et NCIS, la série la plus regardée aux Etats-Unis. Pourtant les choix red neck, de l’ancien gouverneur du Massachussetts respirent plus la sincérité que ceux de son adversaire. Et le républicain nous surprend en avouant aimer 30 Rocks, la série de Tina Fey, imitatrice pas toujours tendre de Sarah Palin pendant la campagne de 2008. C’est pas très corporate tout ça !
Full heart, clear eyes, can’t lose. En reprenant à son compte, pendant la campagne, la devise de l’équipe des Dillon Panthers de la série Friday Nights Lights, Mitt Romney montre aux fans de séries que lui aussi a des références undergrounds. Quitte à s’attirer les foudres du showrunner, Peter Berg, qui considérait que les valeurs du candidat républicain étaient à l’opposée de celles défendues dans sa série. Il lui a d’ailleurs instamment demandé de cesser de l’utiliser dans ses meetings sous peine de l’attaquer pour vol de copyright. Le Mormon a alors confessé que sa femme et lui étaient de grands fans de FNL alors que les thèmes abordés sont loin d’être les topics préférés des conservateurs, l’avortement, le sexe avant le mariage ou l’anti-militarisme. Quel rebel ce Mitt !
Nerd is the new Sexy. Même si notre Obamania nous aveugle et que l’on a sabré le champagne la semaine dernière, on ne peut pas passer à côté de la révélation de la campagne : Barack Obama est un trekkie[3]. Profitant sans doute de l’absence de David Axelrod, son directeur de campagne, le Président a craqué et posé avec Michelle Nichols (Lieutenant Uhura – Star Trek) dans le bureau ovale en faisant le « salut Vulcain »(planète d’origine de Spock). Il a d’ailleurs avoué à la comédienne avoir eu le béguin pour elle quand il était ado. Mais bon comme d’habitude, on lui pardonne. Il reste quand même le Président le plus cool du monde et on se met à rêver qu’il débloque des fonds pour que la NASA développe enfin la téléportation grand public et que Air Force One soit rebaptisé Enterprise 2. Et on a envie de lui souhaiter pour son dernier mandat : Longue vie et prospérité.[4]
[1] Discours annuel prononcé par le Président des Etats-Unis pour présenter son programme pour l’année en cours devant les deux chambres réunies.
[2] Série produite par Tom Hanks mettant en scène une famille mormone polygame de l’Utah.
[3] Fan de Star Trek
[4] Live long and prosper. A la fois bonjour et adieu, c’est la phrase qui accompagne le salut Vulcain dans Star Trek.