Annie Ernaux (France)
L'occupation est un roman très court qui nous plonge dans les affres d'une séparation. La narratrice et son mari se sont quittés il y a peu et cet homme s'est déjà remis en couple avec une autre.
Cette autre sera le sujet principal de ce livre. Ecrit à la première personne, on se met dans la peau ou plutôt l'esprit perturbé de la narratrice.
Elle mettra toute son énergie, tout son temps disponible, toute son imagination à savoir qui est cette autre femme, quel est son nom, son métier, quelles sont ses habitudes... Jusqu'à en devenir totalement obsessionnel, à en devenir sa principale et unique occupation.
Cette femme, la narratrice peut paraître détestable, à la limite de la folie mais certainement pas pitoyable. On ne peut la plaindre; elle ne tentera rien pour sauver son couple, pour récuperer son ex-mari. Non, rien. Seul compte son nouveau jeu, son occupation. Heureusement pour elle, l'écriture la sauvera et elle abandonnera sa quête pour, enfin, reprendre une vie "normale" ou presque.
Un roman simple, une écriture bien trempée, parfois crue, parfois très imagée. Sans originalité, sans humour et au final avec un goût de trop peu.
Il y a tellement de romans sur la jalousie qui ont plus à nous offrir:
- Les liaisons dangereuses de Choderlo de Laclos (hors concours bien entendu) - un vrai chef d'oeuvre
- Pierre et Jean de Guy de Maupassant - un autre grand classique
- L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera - autre roman inoubliable
- Le tunnel d'Ernesto Sabato - jalousie maladive jusqu'au crime
Et vous? Quel serait votre conseil?
Le début:
"J’ai toujours voulu écrire comme si je devais être absente à la parution du texte. Ecrire comme si je devais mourir, qu’il n’y ait plus de juges. Bien que ce soit une illusion, peut-être, de croire que la vérité ne puisse advenir qu’en fonction de la mort."
Quatrième de couverture:
«J'avais quitté W. Quelques mois après, il m'a annoncé qu'il allait vivre avec une femme, dont il a refusé de me dire le nom. À partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L'image et l'existence de l'autre femme n'ont cessé de m'obséder, comme si elle était entrée en moi. C'est cette occupation que je décris.»
Lu pour le Défi Cent Pages.
Editions Folio (2003) - 75 pages