Nouveau roman

Publié le 21 novembre 2012 par Belette

Christophe Honoré et le Nouveau roman s’installent au Théâtre de la Colline après Avignon.

© J.-L. Fernandez

En guise d’introduction, Julien Honoré (qui joue le journaliste Claude Mauriac) raconte que son frère Christophe a rencontré l’écriture de Marguerite Duras au collège, et qu’elle le suit depuis. Marguerite Duras (Anaïs Demoustier) : elle va et vient sur scène à contre courant du groupe que forment les écrivains du Nouveau Roman autour du patron des Éditions de Minuit, Jérôme Lindon (Annie Mercier, drôle !), pas tout à fait dedans, pas tout à fait dehors. La plus célèbre de tous, elle est aussi celle qui fait le lien entre Honoré et les autres : Claude Simon (Sébastien Pouderoux), Nathalie Sarraute (Ludivine Sagnier), Alain Robbe-Grillet (Jean-Christophe Clichet), Catherine Robbe-Grillet (Mélodie Richard), Robert Pinget (Mathurin Voltz), Michel Butor (Brigitte Catillon) et Claude Ollier (Benjamin Wangermée). Ce casting très « Honoré » a le mérite d’attirer un public qui va découvrir des acteurs de théâtre autrement plus intéressants que les deux trois stars placées là, plus à l’aise au cinéma. Individuellement, des écarts se creusent, mais le groupe fonctionne, et l’espèce de mélange entre la réflexion littéraire et le cabaret, qui fonctionne presque comme un vaudeville détourné à la sauce Nouveau roman — on en dit peu mais on dessine les contours — est étonnamment réussi.

Seul l’aspect didactique de la construction de la pièce pèse un peu sur la représentation : le groupe, les formes, les disputes, la guerre, le sexe, les prix littéraires, la notoriété, etc. L’histoire se déroule par séquences thématiques qui, si elles ont le mérite d’êtres claires, manquent d’épaisseur théâtrale. Les trois chansons en rajoutent, la danse aussi, mais ce sont surtout quelques monologues qui accrochent l’esprit et le regard : celui de Claude Ollier expliquant La Mise en scène, celui de Claude Simon racontant la guerre dans la langue de La Route des Flandres. La littérature elle-même a droit ainsi à quelques saillies dans un spectacle qui tient davantage du divertissement intellectuel que de la poésie. Mais de toute façon, comme dit Claude Simon, la poésie, c’est la littérature. Sagan passe par là, puis ce sont les spectateurs qui sont invités à poser des questions, auxquelles nos auteurs répondent parfois par des pirouettes, parfois sérieusement. Tout est léger, rien n’est grave dans ce récit de trois heures, même lorsqu’on se brouille, même lorsqu’on s’ennuie. À la fin, on a ri, et la seule envie qui reste, c’est de lire du Claude Ollier et du Claude Simon ; les autres ont déjà disparu.


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