A l'heure du bureau virtuel, de la dématérialisation des activités et des fermetures d'usines, je trouve fascinant de se replonger dans ce qui fut l'épicentre de notre développement industriel, les usines.
Trop souvent ignorées voire rejetées, elles sont, une fois fermées, comme effacées de notre histoire, de notre mémoire.
Et pourtant ces lieux sont plus que jamais porteurs des générations de destins individuels qui s'y sont déroulés.
Un temps où le confort du travailleur n'était pas une préoccupation naturelle (non pas que ce soit plus le cas aujourd'hui), un temps où le bâti exerçait une emprise puissante sur les hommes.
Attraction visuelle de ces lieux conçus au service de la production de masse, attraction pour ces lieux dont la caractéristique première, le bruit, semble s'être évaporée dans les vestiges rouillés qui subsistent, tels les restes indignes d'une histoire qui semble si lointaine alors qu'elle est encore le quotidien de nombreux pays moins "développés" que les nôtres.
Que reste-t-il des efforts, des souffrances et accidents, des solidarités qui irriguaient et construisaient ce qu'on appelait alors la fierté ouvrière ?
Des photos, des photos par centaines, par milliers, de ces lieux, désormais insalubres, taggués, rongés par le temps.
Des photos qui attirent le regard par leur puissance visuelle, et qui presque à notre insu, n'en délivrent plus qu'un sentiment artistique.
Dans ce combat pour la préservation de cette mémoire, le blog Industrial Decay joue un rôle important, recueillant de par le monde, les clichés des passionnés qui bravent interdits et dangers pour rapporter sous forme de clichés les traces de ces histoires passées.