Je suis un blogueur ! Pas un journaliste ! Je n’ai nullement l’envie d’être objectif, ce sport reste ma passion : J’aime viscéralement mon pays, j’aime profondément ce sport et par la force des choses ce XV de France je l’ai dans la peau. Alors comme pour vous, La mauvaise performance de ce XV de France a été vécue comme une cruelle désillusion, pire après les belles promesses du deuxième test-match argentin et de la tournée d’automne cette défaite s’apparente à un abominable coup de poignard dans le dos à tous ceux qui, comme moi, supportent les Bleus.
Je vais néanmoins tenter d’analyser cette défaite avec la tête froide.
Les joueurs
J’étais le premier à voir, cette équipe de France comme une dream-team, une équipe composée d’étoiles du championnat, de joueurs talentueux, de virtuoses de l’ovale. Pourtant certains joueurs auront énormément déçu : Je commencerai par la paire de centres : Maxime Mermoz et Florian Fritz qui furent complètement invisibles 80 minutes durant. La charnière qui avait su alterner avec brio en novembre a été sans solution et n’a pas su donner le « la » à son équipe. Fred Michalak, brillant cet automne, n’a pas été aujourd’hui le métronome espéré. Puisque l’ouvreur des Bleus sortait d’une magnifique saison dans l’hémisphère sud avec les Sharks la question ne se posait pas en novembre, mais aujourd’hui elle semble s’imposer comme une évidence :
« Fred Michalak, sensé être le maître à jouer de cette équipe, dispose-t-il de suffisamment de temps de jeu en club ? » Poser cette question est évidemment y répondre.
Pour moi, il est clair que l’une des clés de « notre » défaite se trouve dans le dysfonctionnement de ce secteur 9-10-12-13. Toutefois, je suis suffisamment convaincu que le rugby est composé d’un tout pour ne pas jeter la pierre à ces joueurs. Souvent le dysfonctionnement dans un secteur du jeu, vient d’une série de grains de sables situées dans d’autres secteurs :
L’erreur du sélectionneur
Suite à une série de blessures, Philippe Saint-André a probablement commis l’erreur de sélectionner des joueurs à des postes auxquels ils n’ont pas l’habitude de jouer en club : Huget à l’arrière, Fofana à l’aile, Michalak à l’ouverture. Je suis d’accord avec Raphaël Ibanez lorsqu’il dit à ses joueurs bordelais que « le propre du haut niveau est la capacité à intégrer très vite des systèmes de jeu différents et la capacité à s’adapter en permanence ». Cependant, cela faisait peut-être beaucoup de changements pour la seule équipe du tournoi qui ne disposait que d’une seule semaine de préparation.
La question est évidemment la suivante « Faut-il réaménager ce XV de France avant la réception des Gallois à Saint-Denis ? ». J’aurais tendance à répondre que non :
D’abord parce que cela serait apporter du changement au changement à une équipe qui a cruellement manqué de repaires ce dimanche. Ensuite parce que les joueurs nommés ont déjà apporté des satisfactions à ces postes (Michalak en 10 et Fofana à l’aile, c’est un peu moins vrai pour Huget en 15). Enfin, les joueur -partons du principes qu’ils sont intelligents- auront samedi prochain deux semaines de préparation et auront probablement rectifié les choses qui ne vont pas.
Des mauvais choix
Cette sélection composée d’éléments comme Forrestier, Ouedraogo, Machenaud, Michalak, Fofana était vraiment faite pour courir et porter le ballon d’un côté à l’autre du terrain. Or, il semblerait que les joueurs se sont obstinés à se débarrasser rapidement du ballon au pied et à vouloir jouer un jeu d’occupation. On peut dire que la charnière n’aura pas joué le rôle qu’on attendait d’elle, on pardonnera l’inexpérience de Maxime Machenaud, on en attendait forcément plus de la part de Fred Michalak. Probablement que ces mauvais choix ont été motivés par un manque de solutions offensives dues à une organisation défaillante.
Des doutes sur la réelle motivation des joueurs
Bien sûr cette Squadra Azzura était composée de quelques beaux et bons joueurs de rugby. Mais les Français ont été apathiques, ils n’ont pas marqué un seul petit point en deuxième période. Il y a des signes qui ne trompent pas : Lorsque les joueurs du triangles offensifs récupéraient des ballons hauts, leurs équipiers ne se repliaient pas (chose qu’ils avaient très bien fait lors des matchs contre l’Australie par exemple), l’arrière attend que ces joueurs se replient tandis que les soutiens attendent que Huget remonte les ballons, ce petit jeu est bien symptomatique d’une équipe qui n’a pas envie de jouer. Il faut vraiment que les entraîneurs fassent comprendre que les Bleus n’ont pas le temps pour être démotivés maintenant. La saison est loin d’être finie et se profile à l’horizon des étapes de hautes montagnes avec notamment une épouvantable tournée de 3 test-matches au pays du long nuage blanc. Les Bleus doivent se remettre au travail immédiatement s’ils ne veulent pas récupérer la cuillère de bois du tournoi ( des six équipes engagées ce week-end il s’agit incontestablement de l’équipe qui a proposé le rugby le plus lymphatique) et s’ils ne veulent pas se prendre 200 points en trois matchs cet été.