Pour un fumeur de un ou deux paquets de cigarettes par jour, malgré l’absence de données publiées, il y a tout lieu de penser que la démarche de remplacement des cigarettes industrielles par des e-cigarette constitue une réduction de risque et il n’y a pas lieu de l’entraver. Mais du fait des incertitudes, nul professionnel ne peut recommander la démarche car aucun rapport risque bénéfice correspondant aux exigences d’un produit de santé n’a jamais été conduit. Pour un fumeur de tabac, essayer l’e-cigarette comme une nouvelle façon de fumer constitue sur le plan du produit fumé une réduction du risque, mais peut aussi apporter l’illusion d’un produit moins toxique et favoriser par extension la persistance de la consommation de tabac. Utiliser l’e-cigarette dans les lieux où il interdit de fumer est souvent une incitation pour les fumeurs à fumer et on ne peut qu’encourager les responsables des lieux à l’interdire également dans ce cadre. Et en tout état de cause, les responsables doivent éviter chez les enfants l’initiation à la prise de nicotine, ouvrant la porte à la prise de tous les produits du tabac. Un groupe d’experts réunis par l’OFT, à la demande de la direction générale de la santé, à la Maison du Poumon doit rendre d’ici le mois de juin ses conclusions et recommander des limites à un produit en pleine évolution dont on ne peut dresser le rapport bénéfice risque dans chaque utilisation que de façon provisoire car la réalité est en constant changement.
L’e-cigarette : un médicament ?
A cette question, les autorités françaises, européennes et américaines répondent clairement : NON, et ce du fait de l’absence de toute étude et de preuve d’efficacité et de données solides sur la tolérance. Les autorités ont en outre fixés des limites de contenu en nicotine qui feraient obligatoirement de l’e-cigarette un médicament : 20mg/ml de nicotine en France selon l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament). Le projet de directive européenne sur les produits du tabac (et système délivrant de la nicotine) fixe elle cette limite à 4 mg/ml (concentration dépassée par toutes les e-cigarettes contenant de la nicotine sur le marché). Donc en absence d’étude, les cigarettes les plus dosées en nicotine sont interdites en France, aussi longtemps qu’elles n’auront pas rempli les critères pour devenir des médicaments. De fait aucune e-cigarette n’est enregistrée comme médicament et elles ne le seront peut-être jamais.