Poète, prends ton luth ; c'est moi ton immortelle
Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux,
Et qui comme un oiseau que sa couvée appelle,
Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.
Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore.
Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser,
Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser
Poète, prends ton luth et me donne un baiser.
(Alfred de MUSSET)