Fin 2012, j’ai profité de la promotion de Satoko Inaba au poste d’assistante éditoriale chez Glénat pour faire le point avec elle et avec le directeur éditorial de cette maison d’édition : Stéphane Ferrand. Nous avons pu établir le profil de ce nouveau duo à la tête de l’éditeur numéro 1 du marché du manga français, avant de faire le bilan de l’année écoulée et d’envisager les perspectives 2013 pour le manga, en France et au Japon.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Melle Inaba (photo ci-dessous à droite), sachez qu’elle est née au Japon de parents japonais, puis arrivée en France à l’âge de 7 ans. Tout en intégrant une école française, Satoko a poursuivi une scolarité japonaise grâce à des cours par correspondance. Après des études à l’école Estienne des arts et industries graphiques, elle a rejoint le studio graphique des éditions Tonkam, tout d’abord en tant que maquettiste et plus tard, comme responsable PAO. C’est en 2008 qu’elle a commencé à travailler dans l’équipe Glénat Manga, à un poste équivalent.
Quand à Stéphane Ferrand, je pense qu’il est inutile de le présenter puisqu’il est désormais à la tête de Glénat Manga depuis août 2007. Vous pouvez retrouver une interview fleuve sur les 20 ans du manga en France réalisée avec monsieur Ferrand en 2009 (ma première interview éditeur d’ailleurs !).
Les présentations sont faites, passons à l’interview ! Bonne lecture
Stéphane Ferrand – Satoko Inaba : collaboration et affinités
Bonjour à vous deux…
Honneur aux dames, surtout que l’on vous connait moins mademoiselle Inaba. Vous êtes actuellement responsable PAO et le 1er janvier vous allez devenir assistante éditoriale… Quels sont vos objectifs à ce nouveau poste ?
Satoko Inaba : Bonjour… Mon objectif est de développer la production éditoriale de Glénat encore plus qu’elle ne l’est actuellement. Je continuerai de m’occuper de la maquette et un peu de la production mais j’aiderai surtout Stéphane dans le choix des nouvelles séries.
Monsieur Ferrand : une assistante éditoriale, ça apporte quoi à un éditeur, une possibilité de déléguer un peu la masse importante de travail ou est-ce que ça va, en tout cas dans le cas présent, plus loin que ça ?
Stéphane Ferrand : Ce qui est intéressant c’est une vision complémentaire… Si Satoko était semblable à moi, ça ne m’intéresserait pas beaucoup. Quand on est arrivé chez Glénat Manga, la maison s’articulait autour de 3 collections majeures : shôjo, shônen et seinen. Ça tout le monde le sait.
Depuis on a signifié une collection artbook qui nous a permis de réunir les titres et de les développer, on a créé une édition vintage qui nous a permis de récupérer et de rassembler certains titres publiés à droite et à gauche dans notre catalogue et de développer cette partie avec Ashita no Joe ou Cyborg 009. On a également mis en place une collection Kids avec Chi et une collection Roman…
Il y a donc eu une démultiplication des axes de travail correspondant aux évolutions du public qui est de plus en plus ouvert à tous les éléments de la culture manga. Mais pour une seule personne ça commence à faire beaucoup et ça devient très compliqué lorsqu’on essaye d’être vraiment pertinent, c’est-à-dire lorsqu’on observe attentivement tout ce qui se publie au Japon et qu’on en étudie un maximum.
Au-delà de ça il y a également l’ouverture du pan de l’offre numérique, dont 2013 devrait marquer le grand lancement chez de nombreux éditeurs manga… Pour continuer à être pertinent et intéressant vis-à-vis du public dans nos propositions de titres et afin de continuer à en explorer de plus en plus, Satoko Inaba vient apporter sa culture très bien assise, voire même largement supérieure à la mienne en matière de manga édité au Japon. Elle fournit donc une aide qui est plus que précieuse, nécessaire je dirais.
Donc tout ça va se faire progressivement, Satoko conservant un mi-temps dans la PAO comme elle vous l’a expliqué. Et pendant le reste du temps elle viendra donc m’aider à compléter nos collections et s’impliquera dans un axe de recherche et développement car il est toujours intéressant d’apporter quelque chose de nouveau au public, comme on a pu le faire dernièrement avec 2001 Nights Stories, qui est une manière vraiment différente d’aborder notre marché.
Donc certes plus on est de fous plus on rit mais au jour d’aujourd’hui, pour être vraiment pertinent, il faut avoir une observation précise et détaillée et vu le travail nécessaire pour maintenir le marché puis le faire rebondir et le développer, à deux on n’est pas de trop ! (Rires)
Puisque vous allez aussi travailler ensemble sur le choix des titres… Quels sont pour chacun vos goûts, vos titres phares ?
SF : Alors c’est très compliqué parce que nos goûts n’ont finalement que peu de chose à voir avec nos choix éditoriaux. J’essaye avant de tout de choisir des titres pour plaire au public français.
Moi mes goûts les gens les connaissent et ils s’orientent vers le seinen dans ce que d’autres éditeurs appellent le young seinen avec des titres de grande distribution comme Les Gouttes de Dieu, Peace Maker et il y a aussi des affinités artistiques qui se développent mais ce n’est pas notre ADN fondamental, qui est plutôt celui du shônen. Notre objectif premier reste de distraire un maximum de gens en leur faisant passer un bon moment.
Après j’essaye d’apporter des choses différentes dans le shônen ou le shôjo mais c’est toujours conçu à travers le regard du lecteur, comment il va le recevoir.
En ce qui concerne les gouts de Satoko, je lui laisse la parole !
SI : Stéphane a tout dit je crois ! (Rires) Personnellement je suis assez omnivore et je lis tout ce qui me tombe sous la main mais c’est vrai que j’ai tendance à lire, ou en tout cas à avoir lu, plus de shôjo.
Bilan 2012 : petit tour de catalogue
Bilan 2012 global : fin 2011 vous avez qualifié l’année de difficile, en raison de la baisse des ventes pour la 3ème année successive, des évènements du 11 mars, de l’augmentation du papier et de la TVA. Qu’en est-il pour 2012 ?
SF : Fondamentalement, on ne va pas se cacher derrière notre petit doigt. Les difficultés annoncées sont arrivées et comme on s’attend tous à une année 2013 difficile, il y a assez peu de chance qu’il en soit autrement.
On a tous ce petit réflexe d’attente et de mise en pause des dépenses et les ventes s’en ressentent, notamment sur les nouveautés. Aujourd’hui lorsque les nouveautés sont de qualité elles trouvent leur public mais jadis elles le trouvaient en 6 mois alors qu’aujourd’hui il en faut 10 ou 11. J’entends par « trouver son public » couvrir la mise en place par les ventes.
L’ensemble du milieu éditorial reste assez conscient des difficultés du marché et des éléments perturbateurs. Cette TVA, par exemple, n’a pas fini de ne nous perturber… De facto au premier janvier nous sommes repassés à 5.5 et au premier janvier 2014 on risque de repasser à 5 %. On n’a pas arrêté de changer cette taxe ces dernières années et beaucoup de gens y compris les libraires sont un peu fatigués de faire, refaire et re-refaire leur étiquetage sans arrêt. Ce n’est pas vraiment un élément booster de marché.
Cela dit, si on compare la destinée du marché du manga – et celui de la BD en général – à l’ensemble des marchés de l’Entertainment relevés par GfK, on remarque que le livre est celui qui connait la baisse la moins importante. Il y a quand même une culture du livre qui permet à ce format de rester le loisir préféré des français. Si on ajoute à ça les records de fréquentation de Japan Expo qui sont encore battus, on peut dire que 2012 a été difficile et que 2013 le sera, mais il y a des raisons de rester positif et de compter sur l’avenir.
Glénat est-il toujours leader chez GFK ?
Fondamentalement, on est toujours leader, car on a un écart avec notre premier poursuivant qui nous permet de le savoir. Mais après il ne suffit pas d’attendre fin décembre pour avoir les chiffres exacts de cette année. Il faut attendre fin mars car tous les envois de fin décembre doivent être pondérés par les retours du trimestre suivant. Il n’y a qu’avec ces retours que l’on peut avoir un net.
En termes de perspectives, sur 2012, on devrait se maintenir au même niveau en termes de chiffres d’affaire que l’année précédente, avec un léger retrait à cause de quelques difficultés de marché mais en raison, également, de l’absence de quelques licences au planning de 2012 : Berserk ou Gunnm Last Order par exemple.
Parmi vos nouveautés 2012, peut-on déjà statuer sur quelques titres ? Quelles sont les bonnes surprises et les déceptions ?
SI : Parmi les bonnes surprises on peut citer Btooom ! qui s’est mis en place rapidement. C’est un titre assez basique mais efficace et il a su trouver son public, à la hauteur de nos espérances. On peut également citer un titre qui a commencé en 2011, Chi une vie de chat, car c’est vraiment cette année qu’il a bien explosé. Il reste Ayuko aussi qui trouve un public grandissant grâce à une bonne originalité… C’est plutôt positif car il s’agit de genres différents de notre catalogue, shônen, Kids et shôjo qui se sont bien comportés. Amnésia s’est lui aussi bien comporté, avec des ventes légèrement supérieures aux attentes.
SF : Du coté des déceptions… On a lancé Sanctum en début d’année qui a été beaucoup plus décevant que prévu. Je n’attendais pas non plus que ça soit quelque chose de délirant en terme de ventes mais comme la série est plutôt courte - en 5 tomes – et qu’elle est plutôt bien tenue, je m’attendais à des résultats un peu meilleur. Alors peut-être que les gens attendaient que la série se terminent, ce qui vient de se faire en novembre, pour l’acheter.
L’autre difficulté, qui est une nouveauté 2011, c’est Dream Team…
Ah ! Comment va Dream Team ?
Alors en ce moment le volume 1 remonte. La réputation finit par porter ses fruits mais on part de loin ! C’est assez marquant parce que sur les 6-7 volumes parus, beaucoup disaient que c’était le meilleur titre de sport actuellement sur le marché. Mais la longueur de la série au Japon a refroidit beaucoup de gens et maintenant qu’on se rapproche de la dizaine de volume les choses commencent à bouger un peu, car les gens sont rassurés et voient que la qualité est là sur la durée. Et avec près de 10 volumes sortis, on peut commencer petit à petit et augmenter son rythme d’achat comme on veut.
Je continue donc à croire que ce n’est pas une erreur de casting mais il rencontre des problèmes structurels et conjoncturels : structurels de par la longueur de la série (33 volumes et toujours en cours) et conjoncturels parce que, je le conçois, c’est un peu osé d’envoyer une série à plus de 30 volumes dans une année difficile. D’un autre coté on ne pousse pas les gens à acheter tout de suite, on espère que les gens découvrent le titre même si c’est 3, 6 ou 8 mois après la sortie du volume 1 et on s’arrange pour que ce premier tome reste disponible.
Il s’agit donc de faire des paris sur l’avenir plutôt que sur l’immédiat. Économiquement parlant il vaut mieux réfléchir de cette manière.
Cette année vous avez misé une fois de plus sur vos licences phares avec de gros efforts sur One Piece et Bleach…
Pour commencer quel est le bilan sur les artbook et les guidebook ?
On a beau en faire régulièrement, le problème du artbook est toujours le même : il contient peu d’intérêt en terme de valorisation pour l’édition française. Une édition française a un intérêt de traduction, mais sur un livre d’images ça reste relativement limité !
Il est clair que dans l’esprit du fanboy, celui à qui se destine l’artbook en premier lieu, commander l’artbook japonais sur Amazon.jp, c’est tout aussi bien parce que c’est le vrai de vrai !
Donc l’artbook a toujours été un problème car quelles que soient les ventes de la série éponyme, y compris One Piece, les ventes d’un artbook vont extrêmement rarement au-delà de 3000 exemplaires.
Les guidebook par contre c’est un élément éditorial que nous avons voulu développer. Quand on est arrivé en place, l’équipe précédente de Glénat Manga avait déjà commencé à en éditer et, à mon avis, c’est un élément de grand intérêt. Nous avons donc poursuivi les guides book de One Piece et de Bleach mais nous avons également lancé ceux de D.Gray-Man, d’Eyeshield 21, etc.
Je pense que c’est d’autant plus intéressant pour les séries longues, avec ce besoin fondamental de pouvoir retrouver des informations assez rapidement. Ces ouvrages se destinent surtout à un lectorat shônen et shôjo avec des adolescents suffisamment passionnés pour pouvoir digérer tous les guidebook d’une série comme One Piece par exemple.
C’est un peu la même chose… One Piece continue de monter, encore et encore. On en est très content et on sait pourquoi : on met en place des opérations de recrutement, sur le tome 1 par exemple, et on sait que plus de la moitié de ce recrutement est du à la diffusion de la série à la télévision en France. Ca fonctionne bien à ce niveau là.
Bleach est une série qui se maintient et qui connait une petite descente. Pour dire la vérité l’annonce de la fin prochaine du titre n’a pas manqué d’avoir un certain retentissement… Les gens voyant la fin approcher ils se mettent à gérer leurs achats de manière différente : ils ne prennent plus forcément un volume à chaque sortie mais attendent pour prendre deux volumes d’un coup voir attendre la fin pour tout acheter en une seule fois.
Au Japon, l’annonce d’une « fin prochaine » a fait un gros focus sur la série et tout le monde s’est rué dessus. L’éditeur originel s’est dit que la série était bien repartie donc l’auteur, même s’il a bien décidé de finir sa série, travaillera son dernier arc sur une dizaine de volume a priori… Une dizaine en partant de l’édition japonaise s’entend, qui a 1 an / 1 an et demi d’écart avec nous.
Voilà donc comment les choses avancent chez nous mais ce n’est pas spécifique : la destinée de One Piece, en hausse, est la même partout où One Piece est édité tandis que Bleach a toujours été une série en dent de scie, on n’est pas encore à la fin et on ne sait pas comment ça peut se finir… Il suffit de regarder comment les gens commentent les tomes de Bleach sur internet où le public japonais lui-même met en avant ce scénario en dent de scie. C’est une donnée connue.
Vintage et Kids :
Autre sujet : un nouvel éditeur, Isan Manga, vient d’annoncer son arrivée pour 2012 avec un créneau que vous connaissez bien : le manga dit Vintage… Quel est votre retour d’expérience sur ce segment ?
Oui j’ai vu qu’après Komikku on annonçait la naissance d’Isan Manga. C’est un beau projet, ambitieux voir même risqué, surtout pour cette année plutôt que dans une année plus paisible économiquement parlant. Après il faut savoir comment l’éditeur a monté son plan, peut-être qu’il a des perspectives ou des schémas de vente qui lui permettront de rencontrer plus facilement son public… Il faudrait voir avec lui.
Ça tombe bien, je vais interviewer prochainement Karim, son co-fondateur la semaine prochaine : une question ou un conseil pour lui ?
Difficile… J’ai eu une expérience relativement mitigé avec le vintage. J’ai surestimé le potentiel du public et je n’ai peut-être pas choisi la meilleure forme éditoriale. Donc j’ai déjà essayé pas mal de chose à ce niveau là.
Je suis plutôt content de voir un éditeur qui essaye d’aller sur le vintage surtout que je pense que les titres sont bons et que leur schéma économique doit être plutôt positif puisque que les ouvrages tournent autour de 28 euros si je ne m’abuse… Mais en dehors de ça je ne peux pas dire grand-chose. J’aurais sans doute des questions à poser à l’éditeur le jour où j’aurai un bouquin dans les mains parce qu’aujourd’hui c’est difficile de poser une question d’un éditeur dont je ne sais rien et duquel je n’ai rien lu ! (Rires)
J’espère qu’il va réussir parce qu’au jour d’aujourd’hui, sur le créneau du vintage, tous les pousseurs sont les bienvenus !
Autre collection : pour Kids, bientôt un nouveau titre pour tenir compagnie à Chi ?
Oui.
En 2013 ?
Peut-être. Il y a un titre assez féminin, qui sera pour 2013. Réfléchit… Elle parait quand ton interview ?
Réfléchit et discute avec Satoko… Donc je peux te donner un titre !
En fait on a eu une opportunité assez amusante, en rapport avec notre titre Kilari.
Kilari a été un grand succès pour nous, c’est aujourd’hui la meilleure vente historique de notre catalogue shôjo, et il existe un spin-off de Kilari qui est destiné à un public encore plus jeune. On va donc éditer ce titre, qui s’appelle Kilari Star, dans notre collection Kids, dans un format un peu plus grand, plus lisible. Ce sera une série courte pour les petites jeunes filles.
On recherche également, en ce moment, des titres pour les jeunes garçons parce que si la collection Kids s’envisage comme un tout, il faut quand même savoir lire les intérêts des jeunes garçons et ceux des jeunes filles. On avait envisagé de travailler Chopperman, le spin-off de One Piece pour ce jeune public masculin. La destinée du titre en a voulu autrement mais on garde cette façon de réfléchir, afin de proposer des titres agréables faciles et courts – parce qu’il ne faut pas emmener ce public trop loin non plus- et qui ouvrent au monde du manga.
2013, au Japon et en France…
Si on en termine avec les bilans mais qu’on se tourne maintenant vers le Japon … Le site Actua BD soulevait récemment une question : Qui seront les remplaçants des shônens à succès : des nouveaux talents ou des vétérans du manga ?
Je ne sais pas vraiment en fait… Actua BD s’est certainement amusé à un exercice de style mais il ne faut pas oublier qu’on reste dans un domaine artistique et créatif donc on est quand même dans une impossibilité à prévoir les choses. Qui aurait pu prévoir qu’un certain Eiichiro Oda inventerait une histoire de pirates qui deviendra le manga le plus lu de l’histoire de l’humanité ?
Tout ça est très difficilement calibrable en termes de création, et ça même au Japon où c’est beaucoup plus industrialisé. Ce n’est pas aussi aisé à lire que peut l’être, par exemple, la production cinématographique avec des flux et des courants qui sont tellement vastes qu’ils sont, au bout d’un moment, plus facilement prévisibles.
Donc le schéma d’évolution… Je n’en sais fichtre rien. Là, au moment où on parle, il ya peut-être un créateur qui est en train d’écrire l’œuvre de la décennie, peut-être qu’il y en a plusieurs qui arrivent, peut-être qu’il n’y en a aucune !
On sait que le marché au Japon est difficile, que le manga a besoin de mega-boosters et de titres qui font le buzz. On sait qu’en période de crise il y a un recroquevillement dans les thématiques culturelles et on obtient des succès comme Silver Spoon, dont on peut se poser la question du potentiel pour la France. Il a été acheté, il arrive bientôt chez nous et je lui souhaite le meilleur mais c’est un vrai pari de l’éditeur avec des questions très intéressantes : où peut-il se situer dans la presse ou l’événementiel par exemple ?
À quel niveau les succès japonais sont de plus en plus taillés pour les japonais et à quel niveau peuvent-ils trouver un écho favorable chez nous ? On sait maintenant que plus on avance dans le temps plus les publics sont séparés : Reborn fait partie du top 5 du marché du manga au Japon ces dernières années alors que chez nous c’est une gamelle ! C’est quand même un enseignement intéressant.
Donc le Japon est en crise, peut-être plus que nous parce qu’on travaille le manga a posteriori, mais ce sera intéressant de voir quels titres pourront relancer ce marché de demain. Peut-être que ce sera autre chose, un autre type de bande dessinée ou de manga… Nous vivons une période de semi-chaos qui permet d’ouvrir un maximum de potentialité. Quand ça ne fonctionne plus dans un sens, on est de toute façon obligé d’innover.
Oui.
Est-ce que c’est un titre dont l’avenir est déjà décidé ?
Tout sourire et voyant parfaitement où je veux en venir : Non
Ok…
Les questions sont ciblés donc mes réponses le sont aussi ! (Rires)
Non mais, au jour d’aujourd’hui, j’ai manifesté mon intérêt à la Shueisha pour ce titre, comme je le fais deux ou trois fois par an chez eux pour un certain nombre de titre. Récemment, je l’ai fait pour un des titres du Young et il m’a été accordé donc nous conservons un accès sur les titres Shueisha.
Après la politique donnant un droit de premier regard à Kazé Manga, je ne doute pas que ce titre qui séduit les japonais soit présenté à leur staff éditorial. J’ai donc pas grand-chose de plus à dire sur ce titre car la question n’a pas encore été tranchée ou si elle l’est je n’en ai pas encore été informé.
En fait c’est plutôt à Kazé qu’il faut poser la question : ils ont déjà beaucoup de titres en cours et beaucoup de choses à faire donc est-ce qu’ils veulent y aller sur ce titre, est-ce qu’ils veulent le faire maintenant ou plus tard… Pour ma part je n’en sais franchement rien.
Pour finir, quel est votre plan pour 2013 et les grands rendez-vous ?
Avec humour : Survivre… (Rires)
Mais sinon, les grands rendez-vous ce sera d’abord Angoulême… Je vais d’ailleurs me la jouer un peu si tu me le permets !
Je vous en prie ! (Rires)
On a donc Chi une vie de chat qui a été sélectionné pour la deuxième année consécutive, puis on a également 2001 Night Stories dans la sélection patrimoine. On est content parce que chaque année on arrive à en placer un ou deux et on espère que l’année va bien commencer, avec une petit récompense.
Pour le reste de l’année, on a prévu d’être en léger retrait sur le nombre de titres– après une augmentation sur 2012 – pour ne pas être trop délirant dans le programme…
En attendant des jours meilleurs ?
Oui en attendant des jours meilleurs, surtout pour lancer de la nouveauté. Je pense que ça ne sert à rien d’arroser de nouveautés des pauvres libraires qui essayent de s’en tirer au mieux. Donc sur 2013 il y aura de la nouveauté mais on les a choisi de manière précise. Il y aura notamment une période avril-septembre avec pas mal de nouveautés intéressantes à surveiller.
Après on va aussi développer nos grands titres avec le retour de Berserk, de Gunnm Last Order, de D.gray-man, de Claymore afin que notre public retrouve des titres qu’il connait bien et dont il a déjà lus les précédents volumes. C’est rassurant aussi d’avoir des séries comme ça, de retour après une longue absence. En 2013 ça nous permettra de faire plaisir aux gens, de leur donner ce qu’ils attendaient et de faire une belle année sur le fond, en attendant des jours meilleurs pour faire un planning plus tourné vers le lancement.
On choisit donc les nouveautés au compte-goutte de telle manière que ce soient les meilleurs qui passent en premier. Donc même en essayant de démultiplier notre offre, dans une logique globale, on s’arrange pour qu’à chaque nouveau bras qui poussent, on ne soit pas obligé d’en couper un autre.
L’autre grand moment c’est le retour de Dragon Ball Z. Les animes-comics des films on les attend depuis une éternité… Moi j’ai l’impression de les attendre depuis 1000 ans donc y a un moment tu te dis que tu vas le faire toi-même ! (Rires)
Enfin, il y aura de très beaux moments entre septembre et décembre. En gros on fait un vrai focus et un vrai pari sur fin 2013, ça doit être notre coté François Hollande (Rires). On a donc prévu un rebond et un redémarrage en septembre-octobre et on va ainsi présenter beaucoup de surprises, y compris de la venue d’auteur, afin de faire en sorte que l’année 2013 se termine mieux qu’elle va commencer…. Parce que le début sera sans doute un peu sévère !
Très bien, merci monsieur Ferrand et mademoiselle Inaba !
Remerciements à Stéphane Ferrand et à Satoko Inaba pour leur disponibilité et à Sophie Caiola pour la mise en place de cette interview !
Retrouvez toute les informations sur le catalogue Glénat Manga sur leur site web.
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Doki-Doki (mai 2012)
Glénat (mars 2009, décembre 2012)
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Kazé Manga (avril 2011 – janvier 2012)
Ki-oon (avril 2010 - avril 2011 – janvier 2012)
Kurokawa (juin 2012)
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Tonkam (avril 2011)
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Black Bones (décembre 2012)
Wakanim (Juin 2012)