Quel honneur de pouvoir assister au triomphe d’un si grand comédien que Michel Aumont, lequel, à 76 ans, investit toujours la scène avec autant de talent. J’ai en effet eu le bonheur d’aller voir la pièce Collaboration de Ronald Harwood où il donne magnifiquement la réplique, au Théâtre de la Madeleine, à Didier Sandre un autre grand nom du Théâtre français.
Quelle authenticité et quelle justesse dans le jeu et l’interprétation : on sent cette complicité, quasi fraternité, entre Richard Strauss (interprété par Michel Aumont) et Stéfan Zweig (Didier Sandre)*. la pièce mise en scène par Georges Werler narre le lien qui s’est tissé entre ces deux artistes : compositeur et écrivain, autour de leur collaboration et de leur admiration mutuelle. Ils créeront ensemble un opéra bouffe inspiré de Ben Jonson, La femme silencieuse immense succès arrêté dès la seconde représentation par le régime nazi, le nom d’un juif étant resté sur l’affiche malgré l’interdiction. On découvre alors l’incroyable complémentarité et la subtile harmonie des deux hommes autour de leur approche artistique ; mais pourtant que tout sépare en matière de politique et de choix de vie.
Strauss utilisera le régime nazi pour pouvoir pratiquer son art tout en protégeant sa famille (sa belle-fille était juive), alors que son interlocuteur, ayant très tôt compris et même anticipé les horreurs du nazisme et la volonté de ce dernier de contrôler toute création artistique, refuse l’engrenage et s’expatrie.
Une même vision de l’Art malgré deux approches de vie radicalement opposées.
Dans ce contexte, il est légitime, voire évident, de se demander… où commence l’Artiste et où finit l’Homme ? Pour quel(s) choix… et quel(s) destin(s) ?
A VOIR ABSOLUMENT !
Théâtre de la Madeleine,
75008 Paris
Prochaines dates : du mardi 5 février 2013 au dimanche 17 mars 2013
*cf. mon billet sur « Les derniers jours de Stéfan Zweig »… Amour et Estime de soi..