On en parle dans la presse depuis deux semaines : la Caf est surchargée, et annonce doctement, via des pubs dans... la presse, que "face à une charge de travail importante", l'institution n'ouvre plus que deux jours par semaine, jusuq'à la fin du mois de février. Et ce, seulement le matin (jusqu'à 13 heures), comme d'hab. Quiconque a eu besoin de finaliser un dossier à la Caisse d'allocations familiales sait le calvaire que représente ce qui aurait du être une simple démarche. Entre une et trois heures d'attente avant qu'on appelle son numéro. Et, au final, il manque toujours un papier. Mais la Caf, qui est habituée à fermer pour "traiter ses dossiers en retard" -Plus de 80 000, semble-t-il, n'est pas la seule administration qui ne sait gérer ni ses effectifs, ni internet, et encore moins les usagers.
A la préfecture de Saint-Denis, pour aller chercher une carte grise (ou n'importe quel autre papier), il faut se lever de bonne heure. Oui, parce que c'est fermé l'après-midi. Penser, donc, à prendre sa journée auprès de son employeur. Au moins, une fois entré, peut-on profiter de la clim. A la sous-préfecture de Saint-Pierre, oubliez tout espoir. Vous attendrez debout, dehors, sous le soleil. Longtemps. Quand vous aurez la chance d'attendre. Au moins à trois reprises, depuis les fêtes de fin d'année, le quidam qui avait eu la mauvaise idée de se rendre à la sous-préf trouvait portes closes, une affichette posée aimablement sur les dites portes le prévenant que "les bureaux seront fermés ce jour".
Changeons d'administration, passons à la Sécu. Un individu ayant besoin de faire le point sur ses droits a fait la queue durant 1h15, avant de se faire gentiment remballer par le préposée, qui lui a proposé de s'adresser à sa collègue... Devant qui une file d'attente s'allongeait.
Mais le mieux, c'est Pôle emploi. Inscrit à l'agence de Saint-Louis, un demandeur d'emploi s'est vu signifier qu'il ne percevrait plus son allocation, faute d'avoir rempli un questionnaire envoyé par internet... quinze jours plus tôt. Bon, c'est de sa faute, après tout. Mais, plus surprenant, il reçoit deux autres courriers. Deux comptes-rendus d'"entretien individuel", datés du 22 janvier.D'avance, pardon pour la répétition du mot "entretien". Et dans les "conclusions de notre entretien individuel du 22 janvier 2013", il apprend qu'il a accepté "au cours de
cet entretien, les éléments constitutifs de l’offre raisonnable d’emploi ont été révisés pour accroître vos
perspectives de retour à l’emploi. A l’issue de cet entretien, vous déclarez accepter l'actualisation de votre projet personnalisé d’accès à
l’emploi." Bon, notre gars ne s'est jamais rendu à aucune convocation de Pôle emploi. Il n'a donc jamais accepté aucune actualisation d'aucune sorte. Et ce demandeur d'emploi, journaliste de profession, apprend qu'il fait désormais partie de la catégorie "spectacle audiovisuel". Youpee ! A quand une place dans "Le plus grand cabaret du monde" ? C'est sûr, un journaliste, ça sait faire des cabrioles, cracher le feu, et faire le funambule.
Au passage, les messages email étaient précisés être "remis en main propre". Il y a, à la Réunion, comme plus largement en France, un travail de simplification à faire au niveau des administrations recevant du public. Ca soulagerait les usagers, et en même temps, les fonctionnaires, obligés, eux aussi de perdre des heures pour des bouts de papier. Eh, les gars, on est à l'heure d'internet !
Laurelen