Voici le livre de ce début d’année 2013
et peut-être bien le livre d’économie de l’année 2013 :
« CHINDIAFRIQUE :
La Chine, l'Inde et l'Afrique feront le monde de demain »
de
Jean-Joseph BOILLOT et Stanislas DEMBINSKI
Jean-Joseph BOILLOT, à la base de ce projet, est un habitué de la Chine et de l’Inde depuis le début des années 80 ! Cela fait donc bien longtemps qu’il voyage entre ces pays et la France et qu’il prévient ses collègues économistes du CEPII, en particulier mais pas seulement, des tendances de fond qui sont à l’œuvre.
Mais visiblement, étant donné la manière dont on mène encore aujourd’hui les débats sur la compétitivité en France et en Europe, le message n’est pas encore bien entendu et encore moins écouté !
Pourtant, la thèse de Jean-Joseph BOILLOT, sur laquelle je reviendrai ultérieurement, nous donne beaucoup de grain à moudre dans la mesure où elle nous conduit fort logiquement à repenser notre place dans l’économie mondiale.
En effet, tout d’abord l’Occident refuse de voir un réel basculement du Monde : « Surtout, l’Occident n’a pas immédiatement compris, ou plutôt accepté, que le monde entrait dans une nouvelle phase cruciale de mondialisation et qu’il allait devoir s’y adapter. Au lieu de courir après des replâtrages à coup de relance et de faire l’autruche face à un monde nouveau, il doit d’abord se faire à l’idée que les raisons de la crise ne sont pas macroéconomiques – le système financier débridé est un bouc-émissaire facile- mais liées fondamentalement à un basculement du monde qui s’est situé à la charnière des années 1970-80.»
Ensuite,la seconde thèse de ce livreest que Chindiafrique aura un poids économique et démographique clé d’ici 20 ans : « Ce sont les trois grands ensembles Chine, Inde et Afrique, des masses continentales et humaines incomparables, au dynamisme certain, qui vont jouer un rôle clé, d’ici 2030, c’est à dire l’horizon d’une seule génération. Et ceci, compte tenu de trois facteurs combinés : leur effet démographique de masse – un milliard et demi d’habitants chacun en 2030 – mais aussi ses aspects culturels et sociétaux, y compris avec des diasporas mondiales conséquentes ; deuxième facteur clé, l’enchaînement surprenant de leurs temps économiques, puisqu’on observe une sorte de séquence de leur décollage avec la Chine d’abord, puis ensuite l’Inde et enfin l’Afrique plus récemment ; troisième facteur-clé, les relations triangulaires au sein même de cette « Chindiafrique », appelées à jouer un rôle structurant dans le monde de demain comme le montre amplement notre enquête dans les domaines technologiques et des business modèles. »
Enfin, on ne pourra pas échapper à ces changements structurels mondiaux qui vont être de plus en plus puissants : « Ce basculement du monde est-il inéluctable ? Oui, et nous n’avons même encore rien vu du basculement qui va se produire d’ici 2030. Telle est la troisième thèse du livre. Sans se lancer dans des modèles futuristes totalement utopiques ou incertains, la simple conjugaison de nos données d’enquête sur le terrain et de quelques résultats de travaux prospectifs montre l’ampleur du bouleversement à venir dans les deux prochaines décennies. Par exemple, alors que tout le monde a les yeux rivés sur une Chine censée vieillir avant d’être riche –un drôle de soulagement !- qui sait que les courbes de l’Inde et de l’Afrique vont rejoindre celle de l’empire du milieu en 2030, autour du milliard et demi d’habitants. A côté d’un monde occidental stagnant en dessous du milliard, le rapport des forces sera désormais de un à quatre contre une quasi parité en 1950. L’Europe était alors aussi peuplée que la Chine. Elle l’est trois fois moins désormais. »
La seule présentation de ces trois processus montre à quel point il est grand temps de prendre conscience de certains aspects majeurs de l’avenir qui se dresse devant nous, qu’on le veuille ou non. Ne pas vouloir comprendre que les rapports de forces, au sein de l’économie mondiale, vont changer radicalement revient à faire preuve d’un aveuglement au désastre.
Notre avenir est encore en partie entre nos mains, en France, dans la zone euro, dans l’UE, ..., pour peu que nous commencions en fin à accepter l’inévitable : nous serons relativement de plus en plus petit dans le Monde qui vient…
Un livre à acquérir et à lire sans attendre !
A bientôt pour un retour sur les thèses des auteurs de cet ouvrage
Présentation de l’éditeur : « À quoi ressemblera le monde en 2030 ?
Cet essai de prospective montre comment les trois géants – Chine, Inde, Afrique – vont renforcer leurs complémentarités et former un nouveau triangle de développement. Analysant les conséquences de cette recomposition, Jean-Joseph Boillot et Stanislas Dembinski mettent au jour ses risques et ses opportunités pour l’Occident : dynamisme économique et culturel des diasporas, diffusion d’un low cost de qualité, business models frugaux et dont pourraient bien s’inspirer les pays riches.
On voit ainsi se dessiner un monde où les changements sont infiniment plus rapides et plus massifs qu’ils ne l’ont été pour notre révolution industrielle. Et si la Chine se place en tête de cette course à la croissance, les auteurs montrent qu’elle est en voie de stabilisation, tandis que l’Inde et l’Afrique devraient révéler tout leur potentiel dans les prochaines décennies. Un décalage dont l’Europe devrait savoir jouer afin de contrebalancer une Chine trop hégémonique. »
Professeur agrégé de sciences sociales, Jean-Joseph BOILLOT est conseiller auprès du club du CEPII et cofondateur de l’Euro-India Economic & Business Group (EIEBG). Il est l’auteur ou coauteur d’une dizaine d’ouvrages sur les pays émergents et sur l’Inde.
Stanislas DEMBINSKI est journaliste économique. Il a suivi les marchés émergents pour Reuters et a été rédacteur en chef de l’émission télévisée Éco et Quoi sur Paris Première.