La séquence est classique depuis une quarantaine d’années en France : une faction, menée par un homme, gagne les élections en prétendant régler les problèmes par le retour magique de la croissance, elle dupe son électorat, prend acte que la fabuleuse croissance n’est pas au rendez-vous et tente de survivre politiquement en multipliant les coups de communication. Le tout finit généralement par une déroute électorale qui amène au pouvoir la faction d’en face laquelle, prétendant régler les problèmes par le retour magique de la croissance, dupe … etc, etc.
Avec l’avènement de la « normale-attitude » à l’Elysée, ce processus mortifère se poursuit. Simplement, il s’est accéléré et, huit mois après son élection, François Hollande en est déjà réduit à ne plus pouvoir compter que sur les coups de com’ et dérivatifs belliqueux à l’étranger. Mais cette stratégie de la diversion est de plus en plus vite éventée. Petit inventaire des subterfuges de la semaine.
1 - Cassez du Faf !
Florence Cassez, ministre des affaires étrangères et plénipo-pénitentiaires de Hollande, était très présente lors de la libération médiatique de Laurent Fabius, détenu depuis mai dernier au Quai d’Orsay sans qu’on ait beaucoup de nouvelles de lui. Fafa sur le tarmac, Fafa à la tribune, Fafa devant toutes les caméras : on ne pouvait échapper à la mine réjouie de ce prisonnier du gouvernement français enfin relâché sur les plateaux télé.
Seule Valérie Quaterweiller (il faut désormais l’appeler ainsi puisqu’elle a, une fois de plus, changé de stratégie de com’) plastronnait autant aux côtés de Florence. Echappant aux menaces de dépeçage que ses innombrables nouveaux amis lui faisaient courir en tentant de la toucher, la prisonnière du Mexique, sitôt foulé le sol natal, a lancé un appel poignant : « Je cherche du travail en France». Pour elle, le plus dur reste à faire.
2 - Prochaine grande manifestation : « Le chômage pour tous ! »
A ce propos, l’évolution du chômage n’était, selon la voix officielle, pas si catastrophique que cela le mois dernier, juste une petite augmentation de 0,2 %.
Enfin … serait-ce aussi pure communication ? Car y a-t-il retournement de tendance ? Que nenni ! D’abord, Pôle Emploi a mis les bouchées triples en matière de radiation : 209.700 malheureux (+ 5,9 % en un mois) n’avaient pas mis leur dossier à jour et 46.700 autres (+ 24,5 %, rien que cela ) n’avaient pas respecté les règles de la recherche d’emploi. Ouste ! Qu’ils aillent se faire recenser ailleurs. Sur ce seul dernier critère, près de 8.000 chômeurs supplémentaires se sont volatilisés par rapport à la « normale saisonnière ».
De même, il serait temps que nous disposions du nombre d’ «emplois d’avenir» subventionnés à 75 % par l’Etat et signés depuis trois mois. On évoque un chiffre de plus de 4.000 jobs factices mis en place, lesquels ont pour objet de réduire artificiellement les rangs des chômeurs jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Il faudra naturellement les ajouter à celui des inscrits à Pôle Emploi pour connaître la vraie statistique en la matière. Bref, la mer monte.
Heureusement pour les Socialistes, pendant ce temps, les défilés et polémiques des «pro» et des «anti» mariage homosexuel continuent. Lui-Président peut se frotter les mains : chaque ligne ou image sur le sujet est autant d’espace médiatique en moins consacré à la récession en France. Et Ayrault vient de mettre dans les tuyaux gouvernementaux la diversion suivante : il relance la question du vote des étrangers aux élections locales.
Si l’opposition sous toutes ses formes avait un sens de la répartie plus aiguisé, elle serait bien inspirée d’organiser rapidement un grand défilé sous la bannière du « Chômage pour tous », problème ô combien plus important que celui de la réforme des dispositions du code civil relatives à l’union entre époux. Une parade où Mélenchonistes et Copéistes marcheraient main dans la main serait assurément contre-nature. Mais enfin, ils pourraient au moins former des cortèges séparés, le même jour, pour manifester leurs préoccupations communes. Après tout, avant même qu’on parle des transgenres, Hollande, habitué à se déguiser, avait inventé les transcourants au parti socialiste. Il ne serait pas surpris de découvrir une opposition pour tous.
3 – Les fourberies de Sapin
Nous serions donc en état de faillite totale ? Mais non ! Ce n’était qu’ironie, tente aussitôt de corriger Sapin dont l’inconscient a parlé trop librement à la radio. Et pourtant, les effets du climat anti-business créé par Super-Normal et sa fine équipe commencent à se faire sentir. L'indice PMI, indicateur avancé de la conjoncture, marque ce mois de janvier la plus forte contraction de l'activité du secteur privé français depuis mars 2009. Selon une première estimation publiée jeudi dernier par le cabinet Markit, il se replie à 42,7 points, contre 44,6 points en décembre, traduisant un recul à la fois dans l'industrie manufacturière et dans les services.
Persistance de l’euro surévalué, tour de vis fiscal, réforme à la petite semaine de l’appareil d’Etat, discours d’animosité à l’égard du patronat : quel entrepreneur a aujourd’hui envie d’investir en France ?
Bon … ce n’est pas grave, Tombouctou tombe et le débat sur le mariage homo s’engage bruyamment à l’Assemblée nationale.
4 - Ânes au Mali
Il n’est de bonne victoire que celle obtenue facilement et qui permettra à Moi-Chef de guerre de clamer son autorité et son triomphe sur les forces du mal. Tombouctou reconquis, l’armée française pourra commencer à envisager son repli et Hollande un triomphe romain sur les Champs-Elysées. Avec un peu de chance, sa cote de popularité pourrait regagner 3 ou 4 pour cent l’espace de quelques mois.
Après cela, d’autres touaregs/islamistes/terroristes/narco-trafiquants (rayez les mentions inutiles) resurgiront peu à peu du sable saharien. Pourvu que les médias s’en désintéressent, la victoire de notre président sera totale. Pour quelques mois.
5 – Bonnet d’Anne
En peu de semaines, Anne Hidalgo, dauphine delano-proclamée du maire de Paris, a enfilé des perles pour se faire un joli collier : « Le Front national ( fondé en 1972 ) a collaboré sous l’occupation », « Les blindés de l’armée française dévastent chaque année la place de la Concorde », « Paris dans le Grand Paris sera cette grande métropole qui invente et inspire une nouvelle civilisation urbaine », etc.
Delanoë a-t-il décidé de démontrer que nul, chez les socialistes, n’est capable de lui succéder ? C’est ce qu’au Champ-de-Mars on appelle la stratégie du gazon brûlé.