Rassurez-vous, je ne ferai pas de ce billet une montée de lait contre le Québec, où je suis revenu depuis peu, après quatre mois à l'étranger.
Juste un mot sur le choc du retour, qui existe à chaque voyage, peu importe l'expérience que l'on a de la chose. Le retour, dans le cas d'un séjour prolongé en résidence, ça veut aussi dire abandonner la routine de vie, le quotidien, que je m'étais bâti à Leeds et retrouver en partie mon quotidien montréalais. Ceci a ses avantages, mais également ses inconvénients.
Par exemple, arriver à Montréal par un froid glacial (et un vent conséquent) m'a fait vivre un des atterrissages les plus mouvementé de mon expérience de voyageur. L'impact de températures bien en deçà du seuil psychologique de -20 degrés (il a fait -39 avec le facteur vent le surlendemain de mon arrivée) n'est pas à négliger. À part quelques courses de survie (épicerie minimale), je ne suis guère sorti de chez moi pendant ces premiers jours. Et quand je l'ai fait, malgré l'adoption d'un code vestimentaire conséquent, j'ai rapidement attrapé un rhume qui m'agace et ralenti mes journées et mes activités depuis.
J'avoue que je ne m'étais pas ennuyé, pendant les quatre derniers mois, de la marche dans la neige, la boue, la slush, des pantalons sales, ni de la chaleur suffocante du métro bondé.
Du côté des points positifs, toutefois, j'ai mangé ma première poutine (maison) en quatre mois hier soir (on a les joies que l'on peut), et je suis de retour à temps pour voir quelques films en nominations aux Oscars avant la diffusion du gala et la remise des statuettes, ce qui fera de cette soirée un événement plus agréable à suivre que si je n'avais vu aucun de ces films. Retrouver le cinéma Beaubien et le Cinéma du Parc est un grand plaisir, bien que des rares films que j'ai eu l'occasion de voir sur grand écran pendant mon séjour à Leeds ait été d'une grande qualité (Intouchables, Laurence Anyways, De rouille et d'os, Skyfall).
Aussi, j'avoue apprécier la longueur des journées montréalaises! Ah, ce soleil qui se lève tôt, et qui se couche tard pour la saison! Ah, ce soleil qui se lève bien haut dans le ciel! Vous pensez peut-être que j'ai perdu la boule, puisque pour vous - si vous êtes au Québec - le soleil se lève relativement tard et se couche relativement tôt et ne se lève pas bien haut, à comparer à l'été, mais c'est sans compter que Leeds (pour moi, avant mon retour), c'était à une latitude bien plus haute que Montréal, et que le soleil y était donc bas, et ne semblait que passer en quelques heures... En décembre, j'avais noté que Montréal avait une journée de soleil d'au moins une heure trente de plus que Leeds... Le lendemain de mon arrivée, j'avais l'impression d'avoir sauté un mois et demi en avant!
Ceci étant dit, le plus gros du choc culturel a été ressenti à l'épicerie. Tout y est très cher. Je ne peux m'empêcher de comparer avec ce que je trouvais localement à Leeds et ma foi, tout ce que l'on offre à l'épicerie non loin de chez moi à Montréal (un banal IGA) est plus cher que ce que je pouvais acheter à Leeds, et je précise que je faisais mon épicerie dans des établissements vus comme hauts de gamme, là-bas (Marks and Spencer, Sainsbury, Waitrose...) et non dans les endroits nécessairement les meilleurs marchés. (Je spécifie pour éviter les commentaires me référant au Maxi du coin, par exemple). À part les produits frais locaux (et ils sont plutôt rares en hiver), littéralement tout est plus cher ici, et de beaucoup. Un morceau de brocoli frais que je payais une livre sterling (environ 1,60$) me coûte ici au bas mot 2$ (Marché Jean Talon) sinon 4,99$ (IGA). Je ne parle même pas de l'alcool ou des produits du terroir comme les fromages, toujours beaucoup plus chers ici, je parle de produits comme de la sauce soya, des biscuits ou craquelins, du jus d'orange ou encore des céréales, la plupart de ces produits étant importés ou des produits de masse.
Et on dira après ça que les voyages coûtent cher!
Afin de réduire l'importance du décalage et du choc culturel de retour, j'ai d'abord continué à bloguer comme si j'étais encore sur place, en continuité avec les sujets abordés lors de mon déplacement de Leeds à Londres et des deux jours passés dans la capitale avant mon départ. Comme j'avais accumulé un peu de retard sur mon blogue, ça m'a permis de boucler la boucle des billets sur mon séjour lui-même.
Dans le même objectif, je me propose de publier dans les semaines à venir une série de billet-réflexion sur mon séjour lui-même (et non sur un endroit spécifique visité).
Faute de voyager dans les prochains billets, nous allons au moins parler de voyage, donc
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