Gangster Squad
Résumé: Los Angeles, 1949. Frustré de la corruption qui règne dans la ville, John O’Mara (Josh Brolin) accepte avec enthousiasme la mission proposée par le chef de la police Parker (Nick Nolte) : faire tomber le parrain de la mafia locale, Mickey Cohen (Sean Penn) par tous les moyens. Pour cela, O’Mara va recruter une équipe de choc qui va entreprendre de détruire l’empire de Cohen, en dehors de tout cadre légal.
Troisième réalisation de Ruben Fleischer après les excellents Zombieland et 30 Minutes Maximum, Gangster Squad marque un tournant dans la courte carrière du réalisateur. En effet, alors que ses deux précédents essais étaient clairement orientés vers la comédie, ce nouvel opus est de prime abord beaucoup plus sérieux. De prime abord seulement, car même si Fleischer s’attaque au genre du film de gangsters, il ne peut s’empêcher de le faire à sa sauce, c’est-à-dire avec une légèreté bienvenue.
Gangster Squad est d’ailleurs assez étonnant en ce qu’il convoque les fantômes d’un cinéma hollywoodien passé de mode, celui du film choral des années 80-90 (voire même 60), avec cette équipe composée de personnages disparate aux atouts spécifiques (le beau gosse, le chef intrépide, le vieux au colt, le black lanceur de couteaux, le geek, et bien entendu le bleu) qui luttent pour une cause commune. Le film évoque du coup des longs métrages tels que Les sept Mercenaires, Silverado, Les Experts (le film avec Robert Redford, pas la série télé), lui donnant un charme désuet qui excuse les grosses ficelles d’un scénario cousu de fil blanc. C’est à la fois la force et la faiblesse du film, qui ne surprend quasiment jamais le public, mais offre un délicieux parfum suranné aux fans de ce genre. Fleischer enfile les clichés comme autant de perles, du bad guy très méchant et absolument irrécupérable au mano a mano viril en fin de film, en passant par une énorme fusillade et le sacrifice obligatoire de quelques personnages secondaires.
Certainement conscient des limites de sa démarche (et aussi suivant la logique de celle-ci jusqu’au bout), Ruben Fleischer a réuni pour Gangster Squad un casting cinq étoiles qui devrait ravir les fans de séries B burnées : Josh Brolin en héros intrépide et inflexible, Ryan Gosling en tombeur de ses dames (malgré une voix un peu étrange), Giovanni Ribisi en geek avant l’heure, Anthony Mackie en black cool aux couteaux mortels, Robert Patrick en vieux de la vieille ne se séparant jamais de son colt, Michael Peña en jeune bleu fonceur, Nick Nolte en chef de la police à poigne, Emma Stone en femme fatale (pas forcément la meilleure idée du monde, mais elle s’en sort correctement) et un Sean Penn en grand méchant qui cabotinage presqu’autant que de Niro dans Les Incorruptibles. Tout ce petit monde semble beaucoup s’amuser à l’écran, pour le plus grand bonheur du spectateur.
Gangster Squad ne marquera certainement pas les mémoires, mais permet de passer un agréable moment en se replongeant dans un genre de cinéma que l’on pensait disparu.
Note: 6.5/10
USA, 2013
Réalisation: Ruben Fleischer
Scénario: Will Beal
Avec: Josh Brolin, Ryan Gosling, Emma Stone, Sean Penn, Robert Patrick, Nick Nolte, Michael Peña, Giovanni Ribisi
The Secret (The Tall Man)
Résumé: La petite ville de Cold Rock, déjà durement touchée par la fermeture de la mine qui faisait vivre une partie de la population, semble frappée par une sorte de malédiction. En effet, les enfants de la ville disparaissent un par un, et certains des habitants n’ont pas tardé à imputer ces enlèvements à une créature surnaturelle, le Tall Man. Julia Denning (Jessica Biel), l’infirmière de la ville, ne croit pas à ces rumeurs, jusqu’au jour où une silouhette encapuchonnée enlève son fils de 6 ans dans sa propre maison. La jeune femme va dès lors tout faire pour le retrouver…
Quatre ans après le traumatisant Martyrs et suite à la préparation un alléchant remake d’Hellraiser malheureusement avorté, Pascal Laugier a fini par faire le grand saut et réaliser son premier film en terre américaine. Un nouveau film qui de prime abord marque une rupture totale avec son précédent opus. Situant son film dans une petite ville minière des Etats-Unis, Laugier délaisse l’horreur pure, le gore et les effets chocs pour proposer un thriller surnaturel aux multiples rebondissements.
Posant dès les premières images une ambiance pesante, The Secret est élégamment réalisé, proposant une ambiance beaucoup plus feutrée que Martyrs. Laugier emballe aussi un morceau de bravoure haletant très Jeepers Creepers dans l’âme lorsque l’héroïne se lance à la poursuite du ravisseur de son enfant, une scène d’action maitrisée et un sommet émotionnel débarquant sur un premier twist inattendu. Car si l’intrigue du film est a priori simple (les enfants de la ville de Cold Rock sont enlevés par un mystérieux « Tall Man », et Julia Denning, l’héroïne incrédule, va elle-même devoir faire face à cette menace), The Secret a néanmoins plus d’un tour dans son sac. Pascal Laugier va très vite prendre un malin plaisir à ébranler les certitudes du spectateur s’attendant à un thriller routinier. C’est bien simple, au bout d’une demi-heure de film, le spectateur se retrouve complètement perdu et incapable de prédire la suite des événements ou de comprendre les tenants et aboutissants du film, à mesure que les personnages se dévoilent et que le mystère s’épaissit. Le tout sera cependant expliqué au terme d’un épilogue aussi limpide que dérangeant, laissant le spectateur seul face à son propre rapport à la morale. Un final fort, dans la droite lignée de celui de Martyrs, bien que moins extrême visuellement.
Le film est porté à bouts de bras par une Jessica Biel totalement impliquée dans un rôle des plus ambigus, l’actrice réussissant l’exploit de garder un capital sympathie presqu’intact tout du long malgré l’ambivalence de son rôle. A ses côtés, la jeune Jodelle Ferland s’en sort aussi plutôt bien, même si son rôle rappelle fortement ses anciennes prestations dans Silent Hill et Tideland.
Beaucoup plus honnête que Martyrs et tout aussi dérangeant sans avoir à tomber dans les effets sanglants, The Secret est une vraie réussite et certainement le meilleur film de son auteur. On attend dès lors avec impatience la suite de sa carrière, en espérant que son prochain effort ne mette pas quatre ans à sortir.
Note : 7.5/10
France, USA, 2012
Réalisation: Pascal Laugier
Scénario: Pascal Laugier
Avec: Jessica Biel, Jodelle Ferland, Stephen McHattie, William B. Davis, Samantha Ferris
The Impossible (Lo Imposible)
Résumé : 26 décembre 2004. Une famille britannique en vacances en Thaïlande se retrouve prise dans le tsunami dévastateur ayant tué de nombreuses personnes. La mère de famille, Maria (Naomi Watts) et son fils ainé, Lucas (Tom Holland), se retrouvent séparés du reste de la famille, incertains sur leur destin. Ils vont dès lors tout faire pour survivre et retrouver les autres membres de la famille.
Réalisateur de l’excellent L’Orphelinat, Juan Antonio Bayona aura pris son temps avant de réaliser son second long-métrage. Pour ce deuxième film, il choisit d’abandonner le domaine du fantastique pour mettre en scène un film catastrophe se déroulant durant le meurtrier tsunami de 2004. Un pari audacieux pour un jeune réalisateur en début de carrière, mais au final remporté haut la main.
En s’intéressant au destin réel d’une des familles ayant subi la catastrophe, Bayona réussit avec maestria à plonger le spectateur au cœur de l’horreur, tout en évitant la plupart des pièges de ce genre de films. Plutôt que de débuter par une longue exposition des personnages avant d’arriver à la catastrophe, le réalisateur choisit de réduire au maximum son prologue et de présenter les héros de cette aventure au fil du film, au gré de leurs actions. Une technique payante puisque le spectateur est très vite plongé dans la tourmente et perd ses quelques repères, à l’instar de la famille au centre du film, renforçant d’autant plus l’identification à celle-ci. D’un réalisme souvent cru (les maquillages des acteurs sont tout bonnement incroyables), The Impossible reste toujours à hauteur d’homme, tout en parvenant à ne pas oublier la grande histoire autour de la petite. Bayona rappelle ainsi régulièrement aux détours des pérégrinations des héros qu’ils ne sont que quelques personnages touchés par la catastrophe parmi des milliers de personnes, et que s’ils s’en sont sortis à peu près indemnes, tout le monde n’a.pas eu cette chance.
The Impossible réussit de plus à ne jamais tomber dans le pathos larmoyant, tout en proposant nombre de scènes intenses émotionnellement. On n’oubliera pas de sitôt les larmes d’Ewan McGregor lorsqu’il réussit à joindre son beau-père et lui annonce qu’il ne sait pas ce qu’il est advenu de sa femme, ou la magnifique séquence au cours de laquelle le fils ainé recherche des personnes disparues pour les familles inquiètes, dévoilant ainsi l’ampleur de la tragédie. La réalisation de Bayona est de haute volée, le réalisateur enfilant les morceaux de bravoures aussi divers qu’impressionnant techniquement, que ce soit la terrifiante scène montrant la mère de famille et son fils ainé emportés par les flots, ou l’excellent chassé-croisé final au suspense redoutable.
Secondé par un casting aux petits oignons, au sommet duquel brille le jeune Tom Holland (dont c’est le premier film !), qui parvient à voler la vedette à la belle Naomi Watts et à l’excellent Ewan McGregor, Bayona transforme définitivement l’essai avec cet intense grand huit émotionnel même pas gâché par une bande-annonce en dévoilant quasiment tous les rebondissements. Le public britannique ne s’y est d’ailleurs pas trompé, réservant un triomphe au film…
Note : 8/10
Espagne, 2012
Réalisation: Juan Antonio Bayona
Scénario: Sergio G. Sánchez
Avec: Naomi Watts, Ewan McGregor, Tom Holland, Samuel Joslin, Oaklee Pendergast
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