Pantha du Prince & The Bell Laboratory
Elements of Light
Rough Trade
Allemagne/ Norvège
Note : 6.5/10
Les batteries rechargées à bloc, je peux désormais m’attaquer avec un appétit démesuré à cette année 2013 qui, je l’espère, va gâter au plus haut point nos oreilles chez Feu à volonté. Histoire de ne pas choisir la facilité pour mon premier article de 2013, j’ai choisi d’aller prendre des nouvelles de mon ami originaire d’Hambourg, Hendrik Weber, alias Pantha du Prince – sûrement un des noms d’artistes que je trouve le plus grandiloquent, mais parfaitement en adéquation avec la musique majestueuse jouée par le Teuton. Il m’avait laissé totalement désarmé en 2010 avec son sublime Black Noise, petit bijou d’electronica impressionniste. Le revoilà donc trois ans plus tard, entouré d’un collectif norvégien, The Bell Laboratory, qui ne jure que par les clochettes. Un album qui met à l’honneur les clochettes (50 clochettes en bronze sans cesse effleurées, caressées, câlinées, fessées pour rester dans l’atmosphère sado-maso-ridiculo de 50 Nuances de gris), la démarche est pour le moins originale et, lecteur, si tu ne te trouves pas une attirance naturelle pour la clochette, il va t’être probablement difficile de pleinement accrocher à Elements of Light, le quatrième opus de Pantha du Prince.
Un album découpé en 5 plages aux noms évocateurs - l’onde, la particule, le photon, le spectre lumineux et le quantum – comme un hymne adressé à la lumière si douce découlant de l’electonica de Pantha. Wave commence justement tout en douceur, le paysage apparaît peu à peu sous un brouillard se disloquant en minces lambeaux. Paysage hivernal, les clochettes pouvant s’apparenter aux fragiles flocons de neige tombant du ciel. Morceau très minimaliste et dépouillé où seules les clochettes semblent avoir le pouvoir. Le reverb sur la fin du morceau donne un aspect un brin plus inquiétant à l’ensemble, évoquant avec finesse les atmosphères des morceaux de Mogwai (et par extension je pense beaucoup à la BO des Revenants justement composée par les Écossais).
Particle et ses 12 minutes épiques commencent ensuite tout en douceur. Certes la rythmique de fond est plus rapide et par certains côtés lorgne vers l’house, mais l’univers reste particulièrement décharné et minimaliste. Il faut attendre 5 bonnes minutes pour voir apparaître une esquisse mélodique particulièrement touchante et rappelant très clairement l’univers de Black Noise, esquisse s’affirmant en puissance avant une fin de morceau plus abrupte. Un morceau certes bien ciselé, mais traînant à mon sens trop en longueur. Photon vient justement joliment contrebalancer cette impression de langeur/longueur, le titre est très mélodique et marie parfaitement rythmique house et pouvoir pop de la clochette.
Spectral Split se présente ensuite comme un plat gargantuesque, on a le souvenir mitigé des 12 minutes de Particle et on sent poindre une légère inquiétude. Inquiétude très rapidement évacuée par le début sublime, moment gracieux et contemplatif. Ce titre résume à mon sens tout l’album et brille par sa variété et son évolution: dépouillement subtil au début, rythmique house et clochettes percutantes au milieu du morceau (6-9 minutes), rappel pop de Photon (11 minutes) et fin plus mystérieuse. Pour le coup, on regrettera presque de ne pas finir sur ce titre, tant Quantum n’apporte rien de véritablement nouveau par la suite.
En conclusion, il m’est difficile de me faire un avis très tranché sur cet album. Certes, la grâce de Pantha du Prince est toujours aussi évidente et la production particulièrement bien léchée, maintenant je regrette un manque global de variété pour accentuer davantage les contrastes. En tout cas, album à savourer exclusivement au casque, sous peine de passer totalement à côté.
Titres préférés: Spectral Split – Photon