Un paysage audiovisuel breton fragmenté.
En 2000, divine surprise, une tv bretonne privée était lancée à Lorient sous la houlette de Patrick Le Lay et de Rozenn Milin et avec le soutien de Jean-Yves Le Drian. Sous l’impulsion de Rozenn Milin, TV Breizh se présente comme une déclinaison bretonne de la chaîne galloise S4C. Après des débuts prometteurs de 2000 à 2003 et ceci malgré les critiques habituelles des râleurs de service, TV Breizh va petit à petit dégénérer en une chaîne à séries sans ancrage breton, du fait de problèmes financiers et de son impossibilité à être diffusée en hertzien. Par ailleurs, des tvs locales se créent à partir de 1987 avec TV Rennes puis Tébéo, Ty Télé, TV Nantes, etc… Des choix différents sont faits par d’autres opérateurs qui se rabattent sur internet comme Armor Tv ou plus tard Brezhoweb.
Les télévisions locales, LA solution ?
Face à cette situation, Sylvie Robert, vice-présidente du Conseil régional, décide de privilégier les télévisions privées locales en créant une unité de production régionale regroupant Tébéo, Ty Télé et TV Rennes, financée principalement par le Conseil régional, dans le but de pousser aux co-productions et à la couverture en commun d’évènements ainsi qu’à la création de programmes en langue bretonne. Le résultat est resté très modeste. Ce choix délibéré de Sylvie Robert, devenue depuis présidente de TV Rennes, a eu aussi pour conséquence de mettre sous le boisseau toute discussion sur la création éventuelle d’une TV publique régionale pendant plusieurs années.
3 options pour le Conseil régional
Les réflexions et les consultations du monde de l’audiovisuel progressant au sein du Conseil régional, 3 options se présentent désormais pour les élus régionaux (soit dit en passant quelle part la Loire-Atlantique joue-t-elle dans cette réflexion …. ?) :
- Celle présentée par les télévisions locales privées prônant une coopération renforcée entre elles sous l’appellation de TéléS Bretagne. Grosso-modo, il s’agirait de conforter la collaboration et la co-production entre les télévisions locales en dégageant des plages horaires communes. Pourquoi pas ? Mais le modèle économique des ces chaînes reste très fragile limitant fortement toute ambition. L’unité régionale de production est d’ailleurs entièrement financée par le Conseil régional. En ce qui concerne le contenu, il y a très peu de créations et les quelques programmes en breton sont eux aussi entièrement financés par la Région. Sans parler de l’impact qui reste marginal par rapport à France 3. La Loire-Atlantique est totalement absente de ce projet. En revanche, une collaboration ou une complémentarité avec France 3 est évoquée. Il y a très certainement la place pour un réseau de TVs locales privées en Bretagne mais cela ne répond pas à la demande d’un vrai service public de l’audiovisuel sur les 5 départements. Ce pourrait être en fait un projet complémentaire.
- Celle présentée par Films en Bretagne axée sur la diffusion internet Cet organisme de promotion de l’audiovisuel en Bretagne propose la création d’un site internet pour la diffusion et la rediffusion de programmes produits par les différentes tvs On peut s’interroger sur la légalité et l’économie de cette proposition : quid des droits ? De plus, les TVs qu’elles soient locales ou France 3, sont en train de développer leur présence sur le net. Par ailleurs aucune place particulière n’est donnée aux langues de Bretagne. Enfin, un tel site ne sera jamais considéré comme une TV par la très grande majorité de la population. Cette option est celle d’un portail ou d’une plateforme numérique qui aurait son utilité mais qui, là non plus, ne répond pas aux besoins d’une tv régionale publique.
D’où la nécessité de se mobiliser le 9 février Rozenn Milin se plaisait à rapporter les propos de Patrick Devedjian, alors ministre ; » les Bretons souhaitent une télévision….. Qu’ils fassent du bruit et ils l’obtiendront ! ». Paris ( la direction de France 3, le ministère de la culture) ne lâchera pas une partie de sa redevance juste pour nous faire plaisir. C’est notre mobilisation sur le sujet qui peut motiver les élus bretons et les pousser à se mouiller pour obtenir, arracher plutôt, cette tv bretonne. Le samedi 9 février, à 15h, se tiendront des manifestations pour une télévision pour la Bretagne devant les locaux de France 3 à Rennes, à Nantes et à Brest . Il est important d’y participer nombreux car France 3 et le Conseil régional doivent comprendre qu’il y a une véritable attente pour un projet ambitieux à la hauteur d’un pays de 4,5 millions d’habitants.
Le Conseil régional est au pied du mur : c’est à lui de faire pression sur le gouvernement pour obtenir cette chaîne. C’est à chacun d’entre nous de lui faire comprendre l’urgence et l’importance de cette création pour l’avenir économique, culturel, linguistique de la Bretagne.