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Et si tu n’enregistrais pas, dis moi pourquoi...

Publié le 01 février 2013 par Pnordey @latelier
Stefan Kudelski

Avertissement: pour l’ode mesurée, on repassera.

Les enfants de la radio sont en deuil cette semaine. Stefan Kudelski, l’inventeur du Nagra, est mort. Pour rappel, le Nagra est le premier appareil d’enregistrement autonome et d’excellence. Né en 1949, il se révèle être un don du ciel pour les producteurs de contenu sonore, mais aussi pour les cinéastes, tout particulièrement pour les Truffaut, Godard, Rivette. Qu’aurait été la Nouvelle Vague, sans cette possibilité d’enregistrer du son, n’importe où? Ce sont de tels outils qui ont concouru au parfum d’instantané de ce mouvement cinématographique.

On a tous déjà vu un Nagra. Et pas besoin d’être cinéphile ou producteur radio, pour ça. Vous souvenez-vous de l’appareil enregistreur dans le générique de Mission Impossible? C’en est un. On vous rassure, ceux dont on se sert aujourd’hui, et notamment pour enregistrer du contenu pour L’Atelier numérique, sont autrement pratiques... et petits.
Ah Nagra, mon beau Nagra.
Il a ceci de gentil qu’il sait flatter. A la question, Nagra, mon beau Nagra, dis-moi qui a la plus belle voix, il ne vous répondra jamais, « Certes, bel enfant, votre voix n’est point mal. Mais pour plus bel, je m’incline devant celle de François Sorel.». Bottant par là en touche la tentation de se métamorphoser en marâtre, et de tendre un rouge micro poivré à François pour le faire éternuer. Le Nagra, c’est ce miroir sonore, qui embellit, sublime même, la voix. Péché - je reconnais m’extasier régulièrement de l’éclat donné par l’appareil à ma voix. Son optimisme est recelé dans son nom, même. En polonais, Nagra signifie «Il enregistrera». Non pas «Il enregistre», «Il a enregistré», comme le baptiserait probablement un Français, mais «Il enregistrera».

Quand je pense aux merveilles du Nagra, je songe à cette scène culte de Chantons sous la pluie.

Des producteurs tentent de passer au cinéma parlant. Les techniciens d’un plateau improvisent vainement un système sonore, avec myriade de fils, et un énorme
micro, que des truquistes camouflent maladroitement dans le corsage de la comédienne. Au lieu d’entendre sa voix (de crécelle), on entend alors les battements de son coeur. Que de pleurs et cheveux blancs auraient été épargnés aux pauvres réalisateurs, victimes du passage au parlant, s’ils avaient possédé ce cher appareil.
Le Nagra est au cinéma et à la production radio ce que sont les internets aux métiers d’investigation. Des portes qu’on ouvre grand à l’aisance, à la productivité, à la créativité, même!


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