Des gangsters et des gentleman

Publié le 01 février 2013 par Unionstreet

Encré dans le gangstérisme des années 40, “Gangster Squad” se fend pour l’occasion d’une tripoté de stars, toutes plus battues les unes que les autres. Un de ses atouts, qui deviendra finalement son échec, un défilé de mode, de postures et de poses noyées dans une recherche permanente du talent, du pastiche trop sérieux. A la vue de la performance en demi-teinte de Sean Penn, on aurait pu aisément imaginer une affiche publicitaire affublée de son portrait et de la tagline “A la poursuite de Robert de Niro » (Al Pacino fonctionne aussi). Le film oscille entre ces traits d’humour qui peinent à tirer un levé de lèvres, ses éclats de sulfateuses ralenties, son ton variant du sombre au léger, ses clichés avariés et ses plans cigarettes de poseurs. Que s’est-il passé ?

Los Angeles, 1949, Mickey Cohen, un impitoyable parrain de la pègre tente de s’emparer des reines de la ville, heureusement, une équipe d’hommes forts et classieux est montée à la va-vite pour contrer ses plans, des casse-cou : un intello, un noir, un mexicain, un vieux cowboy et une belle gueule. Sacrée équipe sur le papier, mais uniquement.

Papier vieilli, à l’image du film qui tire son plus beau filtre Instagram : légèrement jauni, aux couleurs flamboyantes des plus grands cabarets parisiens. Dès la séquence d’ouverture, on discernait une grosse faute de goût, si les déchirement vous parlent, vous aimerez, pour les autres, la torture est d’une violence si extrême qu’on en vient aux éclats. Si cet artifice fonctionne pour un film de série B / Z annoncé comme “Hobo With A Shotgun”, ici, non. La violence à outrance parsème le film de ses petites touches, notamment à chaque exécution d’un membre du gang de Mickey, ordonné par lui même pour incompétence, le tout orchestré à la perceuse et autres objets ou artifices enflammés. Vu la répétition de cette scène au cours du film, c’est à se demander qui irait se faire engager par un tyran de la sorte ? Mauvais portrait.

Si le film est trop occupé à nous montrer la prochaine escalade de violences, il en oubli de donner de la profondeur et du caractère à ses personnages, de nous donner une raison de pleurer à la mort de l’un d’eux, de nous prendre au jeu, tout simplement. Résultat des courses, des personnages insipides : une Emma Stone fade comme jamais, un Ryan Gosling des petits jours, des caricatures hollywoodiennes à la pelle. Tout est forcé, quelques éléments sont jetés ici et là pour justifier ou faire avancer le scénario. Ryan Gosling et Josh Brolin sont sensés être des vétérans de la seconde guère mondiale, on n’y croit pas, jamais.

Bienvenue à Zombieland“ (premier film du réalisateur Ruben Fleischer) était intéressant, tombant directement dans les artifices du cinéma gore et de série B, mais la réutilisation de ces mêmes artifices ne convient pas à cette fresque historique gangrené. Avec un matériel brut aussi fou et passionnant que l’histoire de Mickey Cohen, le résultat aurait pu être à la hauteur des films de hautes criminalités mais s’est arrêté dans un sex-shop aux néons baveux sur la route.

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