Les 300 pièces montrées au public dans le cadre de l’exposition (portraits, manuscrits, etc.) retracent la vie d’une femme qui aimait les arts – notamment décoratifs – et les plaisirs, goûts qui se traduisirent par un véritable mécénat dont bénéficièrent les grands artisans de son temps. De sa jeunesse autrichienne rigide aux fantaisies d’une France croquée par le pinceau gourmand de Fragonard, on peut suivre son parcours qui s’acheva sur l’échafaud.
Son iconographie, dominée par le portrait dit « à la rose » d’Elisabeth Vigée-Lebrun, n’indique pas une frivolité excessive. Légère ? Sans doute le fut-elle, surtout pour les nostalgiques de la rigueur puritaine de Mme de Maintenon, une femme qui n’aurait, par exemple, jamais fait réaliser ces superbes bols, aussi connus sous le nom de « jattes tétons ». Dessinées par Jean-Jacques Lagrenée
Comme beaucoup d’objets à connotation érotique, ils furent conservés jalousement. Cependant, Edmond de Goncourt, grand amateur de curiosités, en fit inclure une reproduction dans la réédition de L’Histoire de Marie-Antoinette de 1878, chez Charpentier. Treize planches hors texte illustrent le volume, la quatorzième, qui manque à la plupart des exemplaires qui nous sont parvenus, nous montre un bol-sein que sa rareté même consacre symbole.
Les collectionneurs d’aujourd’hui, que les trousses et autres torchons monogrammés « Marie-Antoinette » n’intéressent pas, pourront toutefois se réjouir puisque l’ancienne manufacture royale Bernardaud vient d’éditer fort opportunément une réplique plutôt réussie de ce service (à 633 € la jatte et son trépied, il s’agit forcément d’un cadeau… royal).
Illustrations Marie-Antoinette, gravure. Bol-sein, photo J. Larent (Bernardaud)