Elle reçoit un message –«Je t’ai trouvée très étroite, pour une femme de ton âge. Mais bon. » – je tombe à la renverse. J’en ai le souffle coupé. Je le relis deux ou trois fois, puis je réponds : « Qui êtes-vous ?» mais je n’obtiens pas de retour.
Je ne suis ni déchirée, ni meurtrie. Plus ou moins irritée mais ça devrait passer. Je ne pratique pas la sodomie à la moindre occasion, si bien que j’ai légèrement saigné, mais ce n’est pas grand-chose. C’est maigre. Je n’ai aucune image. Le teneur du message, cependant, le ton – l’ironie, le tutoiement – et la tournure méprisante employés me font penser qu’il s’agit d’une punition – forcément liée à mon travail ou aux diableries de mon père – que m’adresse quelqu’un qui me connaît.
Michèle développe des sentiments étranges, pour le moins insolites face à son violeur : Et pourtant cette menace attire, tient en éveil, électrise au plus profond de soi. En fait, là tapi dans l’ombre, qu’il surgisse, et que nous en venions aux mains, que je me mesure à lui, de toutes mes forces, à coup de pied, à coups de poing, à coups de dents, que j’empoigne ses cheveux, que je l’attache nu au bord de ma fenêtre. Seigneur, comment puis-je avoir de si effroyables pensées.
Mais « Oooooh…… » que Djian nous réserve des surprises.
Du Djian, direct, qui étonne, mystifie, sans fioritures, un suspense qui agrippe son lecteur dans un tourbillon abracadabrant, invraisemblable, encore du Djian pure laine. Un finaliste dans de nombreux prix littéraires.