Entre le contrat et l’alliance, j’ai rencontré Badoo

Une contribution D’Olivier N’Da

la rencontre

Mon café refroidissait sans pour autant refroidir mes répétitives pensées me rappelant que ces nécessaires moments d’incertitudes n’étaient pas éternels mais formateurs, même si je me méfiais de ces auto-questions qui creusent dans l'intime. Je devais être prêt à m’imposer une approche nouvelle et libératrice mais j’avoue que l’idée de m’imposer quelque chose ne m’enchantait pas vraiment.

Les rencontres, les bonnes, sont là pour nous surprendre, et moi j’ai encore la bouche grande ouverte depuis que Badoo est apparue. Je dirais qu’elle m’a ouvert au monde, parce que je n’ai pas vu venir ce faisceau lumineux qui a « soigné » ces inutiles choses que tu représentais pour moi pendant un moment. Ce moment de  « passé-très-présent » avait forcément une origine, mais je n’étais pas très sûr de mes tonitruantes réflexions intérieures qui m’assuraient que la parole avait été donnée à l’homme pour mieux se dissimuler.

Dissimulée au point d’être masquée... Nous ne nous reconnaissions plus et les souvenirs de ton hideux uniforme noir et blanc et de mon porte-verre ridicule me faisaient sourire sans améliorer la compréhension de ce drame furtif. L’amour partagé avait été un plaisir qu’on avait savouré malgré « nos moments » que nous jaugions insignifiants. On s’accrochait à l’idée que le bonheur calme est un vice et qu’il fallait quelques accidents pour  poivrer l’existence. Le contrat sans alliance …. Ces accidents avaient finis par avoir raison de notre  « contrat ». Je réalise seulement maintenant les difficultés que nous avions, en tant que couple, à comprendre le besoin d’admirer nos singularités. La logique d’alliance, qui est autre que la logique de l’échange rétribué, aurait du nous conduire au bonheur mais en chemin elle s’était transformée en contrat. Obnubilé, on avait oublié qu’un contrat est par nature éphémère, qu’il combine la mentalité du « si tu… alors je… » à la motivation égoïste du désir d’obtenir le fruit de notre convoitise. Nos « exigences contractuelles » avaient sournoisement pris le contrôle de notre relation, nous rendant esclaves des circonstances changeantes des termes de la  vie. D’ailleurs je crois avoir compris que le socle des relations épanouissantes, c’est l’alliance et non cette « clause » dans laquelle nous vivions et où « l’on savait donc à quoi s’en tenir si on la respectait ». Tu vois, l’alliance c’est comme un accord passé entre plusieurs personnes, mais avec un engagement de nature différente du contrat. L’alliance est initiée au bénéfice de l’autre, elle naît du désir de le/la combler et non de le/la manipuler pour obtenir une contrepartie. Elle refuse de se concentrer sur les défauts. Merci pour les roses et merci pour les épines … Notre engagement aurait été permanent, exactement comme dans l’amitié infantile où on est toujours prêt à lever la peine prévue et à poursuivre notre  relation. Tu vas te dire ou bien penser que cette conception d’alliance est obsolète, parce que je fais référence à notre enfance, mais même si l’alliance conduira bien sûr à des « Lois » à observer, elles ne seront pas le socle de notre nouvelle histoire. « Proclamer un service rendu, c'est ôter au bienfait »  Pierre Larousse Il est vrai qu’avec ce que je ressentais pour toi, cette nouvelle approche a suscité en moi quelques doutes, mais j’avais le choix entre rester malheureux avec toi ou partir ; et c’est pendant ce saumâtre combat que j’ai compris le principe du service. Si on s’était penché sur « comment puis-je t’aider, te faciliter la vie, être un meilleur partenaire l’un pour l’autre …. », je pense que nous n’aurions pas été des adversaires dédiés à une défaite partagée. Tu sais si une rencontre n’est que le commencement d’une séparation, ben je me débarrasse aujourd’hui de mon vieil homme, ma vieille carcasse. J’ai décidé d’attraper au vol cette « matière à espérance » que la rencontre avec Badoo m’a offerte car j’aime l’idée subtile d’une possible résurrection. Cette rencontre m’a permis de te retrouver, mon cher orage désiré et d’ailleurs comme toi, sans visage et sans voix, Badoo écrit. Elle ne « romantisme pas » mais ….  Enfin, Il faut que tu la rencontre, car c’est grâce à elle que je peux te dire que j’aime t’aimer ma chère plume et comme l’a dit l’artiste  « Si je ne pouvais écrire je serais muet, condamné à la violence dans la dictature du secret submergé par tous ces sentiments sans mots. »
On refait un tour ?